Élections primaires en Argentine : l’opposition triomphe, le candidat de la majorité périclite
Après le dépouillement de 80% des bulletins, Javier Milei a obtenu 31% des votes, suivis des deux candidats de la coalition « Ensemble pour le changement », Patricia Bullrich et Horacio Larreta qui cumulent plus de 28% des voix.
Le candidat de la coalition peroniste « Union pour la Patrie », Sergio Massa a obtenu 21% des votes.
Le triomphe de Javier Milei a sonné comme une bombe politique qu’aucun institut de sondage n’a pu prévoir. Il s’agit de toute évidence d’un vote sanction contre les politiques économiques suivies par les gouvernements successifs depuis plus de 20 ans et qui ont abouti à une crise économique endémique, une inflation à trois chiffres et un taux de pauvreté qui frôle 40% de la population.
Le ton enflammé des discours de Milei et ses propositions audacieuses sur le plan économique ont fini par séduire une majorité d’Argentins, notamment les jeunes électeurs désabusés par les partis traditionnels.
La loi électorale d’Argentine prévoit la tenue de ces élections « Primaires, Ouvertes, Simultanées et Obligatoires » (PASO, selon le sigle en espagnol) pour départager les candidats qui aspirent à occuper un poste électif, que ce soit au niveau de la présidence, la vice-présidence ou un siège au sein des deux chambres du Congrès.
Le taux de participation a été de 69 %, légèrement au-dessus du niveau de participation lors des précédentes élections primaires de 2021 (67 %). Ainsi, plus de 24 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes sur les 35 millions d’inscrits.
La journée électorale a été marquée par une forte polémique à cause de failles constatées dans les urnes électroniques utilisées dans la capitale, ce qui a retardé la proclamation des résultats.
Avant que le triomphe de Milei ne soit annoncé, le principal enjeu de ces primaires consistait à connaitre le candidat de l’opposition du centre-droit au prochain scrutin présidentiel du 22 octobre 2022.
Les deux principaux candidats qui se disputaient le ticket de l’opposition était l’ancienne ministre de la sécurité, Patricia Bullrich, et le maire sortant de Buenos Aires, Horacio Larreta. Bullrich a écarté Larreta de la course et sera la candidate officielle de l’opposition du centre-droit au scrutin d’octobre prochain.
Du côté de la majorité, les dés étaient jetés bien avant le scrutin. L’actuel ministre de l’économie, Sergio Massa, assumait volontiers le rôle de candidat naturel de la majorité sortante pour succéder au président Alberto Fernandez, en dépit de la participation presque testimonial d’un leader syndical, Juan Grabois.
Toutefois, l’arrivée de Milei en tête des primaires a changé complétement la donne des prochaines élections générales.
Ses propos parfois extrémistes ne font pas de quartier à l’égard de la classe politique en Argentine, qu’il n’hesite pas à qualifier de « caste », en lui faisant endosser la responsabilité de la crise en Argentine.
Dimanche soir, Milei a réitéré ses critiques acerbes contre la classe politique « inutile » et promis, en cas de victoire, de mettre en œuvre son programme économique afin de remédier au déficit budgétaire et au problème récurrent de l’endettement.
Il s’est érigé en leader de la « véritable opposition » au gouvernement actuel qui a exacerbé, selon lui, la crise économique en Argentine.
Il lui reste toutefois de confirmer cette avancée le 22 octobre prochain lors de l’élection présidentielle et si nécessaire, lors d’un éventuel deuxième tour le 19 novembre.