taire général, Ban Ki-moon, a chargé l’ancien émissaire spécial de l’Onu au Timor Oriental, Ian Martin, de diriger une équipe de planification chargée de préparer la transition. Elle est chargée d’échafauder divers scénarios, allant de la chute du régime Kadhafi, sous la pression militaire, à des négociations avec des dirigeants du régime, dans l’optique d’un départ en exil du guide et de sa famille.
L’équipe onusienne comprendrait une composante militaire, chargée de superviser un éven tuel cessez-le-feu, et une composante politique, dans le cadre d’un processus conduisant à des élections démocratiques. Depuis le raid aérien du 30 avril, au cours duquel un fils de Kadhafi a été tué, on mise sur un délitement du régime, avec l’érosion progressive de l’entou rage du guide. Surtout depuis la récente attaque contre le siège des renseignements libyens à Tripoli, qui a causé la mort de plusieurs
officiers, dont le général Milad Hussein al-Fiqhi, porte-parole de l’armée.
Le régime a subi plusieurs coups durs, avec l’entrée en dissidence supposée du ministre du Pétrole, Choukri Ghanem, et l’arrivée, le 15 mai, à Djerba (Tunisie) du fils aîné du guide, Mohammed, officiellement pour y recevoir des soins médicaux. Et les rumeurs selon lesquelles le colonel Kadhafi aurait luimême été blessé à la main lors du raid du 30 avril n’ont pas été démenties, puisqu’il n’est pas apparu publiquement sur les écrans de télévision depuis cette date. Sur le terrain, les observateurs constatent un net renversement du rapport de forces en faveur des insurgés, qui pourraient faire la jonction entre la région de Misrata et la province du Djabal al-Gharbi, ce qui
menacerait Tripoli. Sur le plan diplomatique, l’administration américaine n’a pas encore reconnu le Conseil national transitoire (CNT) libyen comme représentant unique du pays, même si elle a reçu le chef de son comité exécutif, Mahmoud Djibril, et son responsable des Finances, Ali Tarhouni. Lesquels attendent toujours de Washington le déblocage total des avoirs libyens gelés, pour leur permettre de financer un certain nombre d’actions dans les zones contrôlées par le CNT. Mais, sous l’impulsion des sénateurs Kerry et Lieberman, les Américains vont mettre au point une loi qui permettra d’affecter 150 millions de dollars au "fonds spécial" pour la Libye créé par le groupe de contact. Reste que les Etats-Unis, dont les forces ne participent plus aux frappes aériennes, sont réticents à l’idée d’une fourniture de matériel militaire aux forces du CNT, craignant que des armes ne tombent aux mains de groupes islamistes. Et ils redoutent toujours, à long terme, que la situation ne conduise à une partition du pays.