Face à cette situation embarrassante d’insuffisance de fonds, les pays en développement, qui sont les plus vulnérables aux effets néfastes socio-économiques du changement climatique, continuent de payer un lourd tribut à la complexité de l’accès au soutien financier nécessaires pour la mise en œuvre de leurs plans et actions de durabilité et de lutte contre ce phénomène de plus en plus imposant.
La Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (COP28), qui s’ouvre jeudi à Dubaï, aux Émirats arabes unis (30 novembre-12 décembre), offre l’opportunité d’élargir et d’intensifier le débat autour de cette problématique épineuse.
En effet, bien que les pays en développement ne contribuent collectivement qu’à moins de 3 % des émissions de carbone, ils sont les plus touchés par les effets du changement climatique, à un moment où les multiples écueils d’accès au financement, adossés à une lourde dette, limitent gravement leur capacité à financer des activités de durabilité et d’action climatique.
Un récent rapport de l’ONU-Climat fait état d’un manque annuel de 194 à 366 milliards de dollars pour le financement des projets d’adaptation de ces communautés au changement climatique.
D’autant plus que cet écart est 50 % plus élevé que les estimations précédentes et 10 à 18 fois plus élevé que le niveau actuel du financement public mondial, estimé à 21 milliards de dollars en 2021.
Selon le directeur exécutif du Centre régional pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, Jawad El-Kharraz, l’élargissement de l’accès au financement climatique international est à même de combler le déficit d’investissement en la matière et de favoriser l’accès aux fonds disponibles à des conditions favorables.
Dans un entretien accordé à la MAP, M. El-Kharraz a mis en garde que la planète s’achemine vers un stade critique du changement climatique, avec une croissance exponentielle des taux de réchauffement dans certaines régions, y compris au Moyen-Orient et en Afrique, soulignant la nécessité de mobiliser davantage de fonds et à répartir équitablement, afin d’atteindre les objectifs d’adaptation et de réduction des émissions et pouvoir faire face aux effets et dommages du changement climatique.
D’autres rapports internationaux ont révélé que la moyenne de financement de l’action climatique à l’échelle mondiale s’élevait à environ 1,27 billion de dollars en 2022-2021, notant que ce financement reste largement orienté vers les activités d’atténuation (91%), contre seulement 5 % pour les projets d’adaptation.
Selon ces mêmes rapports, 61% du financement climatique pour la période précitée provenait de la dette, ce qui complique encore plus la situation de ces régions, vu les pressions économiques auxquelles le monde est confronté, en particulier les pays en développement.
Dans cette optique, Jawad El-Kharraz a relevé que les pays en développement et les marchés émergents ont besoin annuellement d’environ 5,3 billions de dollars pour financer les Objectifs de développement durable, dont environ 2,4 billions de dollars pour l’action climatique à elle seule.
A cet égard, il a souligné l’importance de renforcer les capacités des pays en développement et de favoriser leur accès au financement climatique à travers, entre autres, une assistance technique, des plateformes d’échange de connaissances et des programmes de formation pour la gestion des projets et l’évaluation des risques.
Il a également mis l’accent sur l’importance de la mise en œuvre de mécanismes de financement innovants, de la conversion des dettes en des investissements climatiques et de l’initiation de marchés du carbone spécifiques pour les pays en développement.
Il est clair que la question du financement s’impose dès lors comme l’une des priorités de la COP28, au cours de laquelle la communauté internationale sera exhortée à respecter ses engagements financiers vis-à-vis de l’action climatique, notamment les 100 milliards de dollars promis annuellement aux pays en développement, même si ce montant ne constitue plus qu’une infime part des fonds désormais requis.
La restructuration du système financier mondial, de manière à mieux servir à la fois les Objectifs de développement et du climat, n’est pas non plus à négliger.