Algérie : un manque à gagner de 10 milliards de dollars pour « Sonatrach » en neuf mois
La compagnie nationale algérienne des hydrocarbures « Sonatrach » a subi un important manque à gagner, estimé à 10 milliards de dollars au cours des neufs premiers mois de 2020 par rapport à la même période en 2019, selon le ministère algérien de l’Energie
A cause de la pandémie de coronavirus, le chiffre d’affaires à l’exportation du groupe a baissé de 41%, indique un bilan rendu public lors d’une récente réunion officielle consacrée à ce secteur.
Selon le même bilan, la Société Nationale de l’Electricité et du Gaz Algérienne (SONELGAZ) a enregistré, quant à elle, des pertes de 18,7 milliards de DA (environ 144 millions de dollars) dues à la baisse de la consommation en raison de la réduction de l’activité économique et l’augmentation des créances de la Société algérienne de distribution de l’électricité et du gaz (SADEG), durant la même période.
La filiale de Sonatrach, « Naftal », spécialisée dans la conception, l’élaboration et la distribution de lubrifiants pour moteurs ainsi que pour l’industrie a été également touchée par la COVID-19 avec un manque à gagner estimé à 41 milliards de DA (315 millions de dollars) durant la même période de comparaison.
De même, l’autre filiale de « Sonatrach », spécialisée dans le transport aérien, « Tassili Airlines », a enregistré un manque à gagner de 1,5 milliard DA (11,5 millions dollars).
Les entreprises du secteur énergétique ont été confrontées au ralentissement de l’activité économique mondiale et à la réduction des effectifs dans le cadre des mesures prises pour lutter contre la propagation du virus.
Face à cette situation, il a été décidé de procéder à des mesures urgentes pour atténuer cette crise sanitaire et financière, dont la réduction du budget d’investissement des deux groupes (Sonatrach et Sonelgaz) pour économiser un montant de 150 milliards DA (1,15 milliard de dollars), relève le ministère.
Dans le cadre de la feuille de route de développement du secteur, il a été envisagé aussi la réorganisation de « Sonatrach » et « Sonelgaz », de manière à permettre la concentration des deux compagnies sur leurs métiers de base, de moderniser les systèmes de gestion et d’information et d’optimiser les coûts d’exploitation et d’investissements.
L’autre objectif fixé est celui de réduire, de 17%, le budget de fonctionnement des deux entreprises publiques, soit d’un montant total de 182 milliards de DA (1,40 milliard de dollars), selon les chiffres avancés par le ministère.
L’asphyxie financière de la « Sonatrach » risque d’affecter toute l’économie du pays.
D’après les dernières projections du Fonds Monétaire International (FMI), l’Algérie a besoin d’un prix du baril de pétrole à 157,2 dollars afin d’équilibrer son budget pour l’année 2020.
Le prix d’équilibre du baril pour l’Algérie s’était établi à 104,6 dollars l’année dernière, 101,4 dollars en 2018 et à 91,4 en 2017, selon les données du FMI.
La même source a noté que le prix d’équilibre du baril projeté à 157,2 dollars en 2020 pour l’Algérie est de loin le plus élevé parmi les pays exportateurs de pétrole, citant à titre d’exemple l’Arabie saoudite (76,1 dollars), les Emirats arabes unis (69,1 dollars), Bahreïn (95,6 dollars), le Qatar (39,9 dollars) ou encore de la Libye (57,9 dollars).
Elle a précisé que seul l’Iran, pays actuellement sous embargo international, possède un prix d’équilibre plus élevé que l’Algérie, rappelant que son prix du baril d’équilibre s’établit à un vertigineux 389,4 dollars.
Le prix d’équilibre du baril de pétrole pour l’Algérie et les autres pays ont été fortement revus à la hausse suite à la crise économique ayant affecté l’ensemble du monde dans le sillage de la pandémie du coronavirus, a-t-elle expliqué, rappelant une précédente projection du FMI qui plaçait le prix d’équilibre budgétaire de l’Algérie à 92,3 dollars en 2020.
L’institution financière prévoit cependant une baisse significative en 2021 du prix d’équilibre, le projetant à 109,3 dollars le baril.
Les chiffres du FMI se placent en sérieux contraste avec les récentes déclarations du ministre algérien de l’Energie, Abdelmadjid Attar, qui avait affirmé fin août dernier que l’Algérie a besoin d’un « minimum de 60 dollars le baril sur une période pratiquement de deux ans » pour équilibrer le budget du pays.