Algérie: la justice gèle le rachat du groupe de presse El Khabar par un homme d’affaires
La justice algérienne a décidé mercredi de geler le rachat du groupe de presse El Khabar par l’homme d’affaires algérien Issad Rebrab, qui se dit traqué par le régime.
L’industriel algérien a rejeté ces accusations affirmant que l’opération du rachat a été "transparente et faite dans les règles de l’art".
Le collectif de la défense d’El Khabar, qui s’attendait à ce que le tribunal prononce son incompétence, a évoqué lors des précédentes plaidoiries, l’impossibilité au ministère de tutelle de se substituer à l’Autorité de régulation de la presse écrite, seule habilité à gérer ce genre de conflits.
En vertu de cette transaction, le groupe Cevital a acquis plus de 80 % des actions du groupe El Khabar, une Société par actions incluant le journal éponyme, la chaîne de télévision KBC, les imprimeries et une société de diffusion.
La décision du gouvernement a suscité une vive indignation au sein de la presse indépendante et des partis de l’opposition.
L’affaire El Khabar, dont le procès s’est ouvert en début mai dernier et reporté à cinq reprises, a dépassé le cadre "purement commercial" que le ministre de la Communication, a tenté de lui imposer. De nombreux Algériens, hommes politiques, artistes et militants ont exprimé leur soutien à El Khabar, un des rares médias indépendants du pays.
L’homme d’affaires algérien considéré comme un proche de l’ancien puissant patron des services secrets, le général Toufik, avait créé la polémique en affirmant en octobre dernier que les autorités algériennes voulaient l’arrêter à son retour au pays, dans le sillage du conflit qui l’a opposé au ministre de l’Industrie et des mines, Abdeslam Bouchouareb.
Issad Rebrab a accusé publiquement le gouvernement algérien de bloquer ses investissements et de ne pas "encourager les investisseurs". Des déclarations qui n’ont certainement pas plu.
Ce procès intervient également au moment où le pouvoir algérien mène, depuis plusieurs mois, une véritable purge dans toutes les voix dissonantes, particulièrement celles ayant décrié la réélection du président Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat en avril 2014.
Plusieurs journaux ont déclaré être privés des annonces publiques, leur principale source de subsistance contrôlé par l’Agence nationale de l’édition et de la publicité (Anep), chargée de la mise en oeuvre de la politique officielle dans ce domaine.