Affaire DSK : le procureur Cyrus Vance dans le collimateur
Après Dominique Strauss-Kahn, puis son accusatrice, c’est au tour du procureur général de Manhattan d’être la cible des critiques de la presse américaine.
Au lendemain de la levée de son assignation à résidence, si Dominique Strauss -Kahn profite de sa liberté retrouvée aux côtés de sa femme Anne Sinclair et visite le MoMa (le musée d’art moderne de New York) en attendant la levée des charges qui pèsent sur lui, les révélations sur la crédibilité de son accusatrice jettent désormais un doute sur l’avenir des poursuites déclenchées par Cyrus Vance. Le New York Post s’amuse des débâcles du procureur, le New York Times rapporte d’âpres débats dans son équipe, le Washington Post estime que Cyrus Vance a tendance à en faire trop. Un retournement qui pourrait compliquer sa réélection.
Pour l’avocat français de DSK, on se dirige vers un abandon rapide des poursuites, peut-être même avant le 18 juillet, date prévue pour la prochaine audience à New-York. Il espère une nouvelle audience surprise la semaine prochaine.
"Je pense que c’est un problème de jour et non pas un problème de semaine", déclare Jean Veil. " Je ne vois pas comment il pourrait y avoir un procès compte tenu de ce qui a été dit, et de ce qu’il reste à dire, sur celle qui s’est fait passer pour une victime", ajoute-t-il.
Monsieur Taylor, Monsieur Brafman,
En application des règlements du service de Demande d’asile, de rétention et d’expulsion, en date du 30 décembre 2004, la plaignante a fourni au Département de Justice, d’Immigration et de Naturalisation des informations factuelles sur elle-même, son parcours et son expérience dans son pays natal, la Guinée ? Ces informations ont été consignées sous la forme d’un témoignage écrit, joint à sa demande d’asile, et a été considéré comme une base pour sa requête de demande d’asile. Dans sa demande, elle a certifié sous peine de tomber sous le coup de parjure que son témoignage écrit était exact.
En résumé, le témoignage de la plaignante affirmait qu’elle et son mari ont été persécutés et harcelés par le régime dictatorial alors au pouvoir en Guinée. Entre autres choses, la plaignante a affirmé que la maison qu’elle partageait avec son mari a été détruite par des policiers et des soldats, agissant sur ordre du régime, et qu’ils les ont battu, elle et son mari. Quand son mari a tenté de revenir le lendemain sur les ruines de leur maison, elle assure qu’il a été à nouveau battu, arrêté et emprisonné par les policiers et les soldats. Elle affirme aussi qu’elle a été également battue quand elle a tenté de venir en aide à son mari. Dans son témoignage, elle attribue ces violences à l’opposition du couple au régime. Elle écrit que durant son incarcération, son mari a été torturé, privé de traitements médicaux et qu’il est probablement mort des suites de ces mauvais traitements.
A la suite de ce décès, elle a, selon son témoignage, commencé à dénoncer le régime et elle a finalement fui le pays, par peur pour sa vie, entrant aux Etats-Unis en janvier 2004, pour y chercher refuge (elle a dit aux procureurs qu’elle a utilisé un faux visa). Elle a répété ces faits oralement au cours de sa procédure de demande d’asile.
Au cours des interrogatoires menés dans l’enquête sur cette affaire [l’affaire DSK, NDLR], la plaignante a admis que les informations ci-dessus, qu’elle a fourni dans le cadre de sa demande d’asile, étaient fausses. Elle a raconté qu’elle avait fabriqué ce témoignage avec l’aide d’un homme qui lui a fourni un enregistrement audio (sur cassette) des faits contenus dans le témoignage qu’elle a finalement remis.
De plus, dans deux interrogatoires séparés, avec des assistants du procureur affectés à cette affaire, la plaignante a affirmé qu’elle avait été victime par le passé de viols commis par des gangs, dans son pays natal, fournissant des détails sur ces agressions. Durant ces deux interrogatoires, la victime a pleuré et est apparue nettement bouleversée au récit de cet incident.
Dans des interrogatoires ultérieurs, elle a avoué que ces viols collectifs ne s’étaient jamais produits. Au contraire, elle a raconté qu’elle avait menti sur ces faits et qu’elle avait inventé les détails, et que ce faux incident faisait partie du récit qu’elle avait reçu pour instruction de mémoriser pour sa demande d’asile. A présent, la plaignante assure qu’elle jurera sous serment qu’elle a été violée par le passé dans son pays d’origine , mais au cours d’un incident différent de celui qu’elle a décrit dans les premiers interrogatoires.
Mensonge sous serment
Durant les semaines qui ont suivi les faits incriminés dans la procédure, la plaignante a dit aux enquêteurs et aux assistants du procureur en plusieurs occasions, qu’après avoir été agressée sexuellement par l’inculpé le 14 mai 2007, dans la suite 2806, elle s’était enfuie dans un coin du couloir principal du 28ème étage, et qu’elle avait attendu là jusqu’à ce qu’elle constate que l’inculpé avait quitté la suite 2806 et le 28ème étage en entrant dans l’ascenseur. Et que c’était après cette constatation qu’elle avait rapporté les faits à son superviseur, qui est arrivé au 28ème étage peu de temps après. Dans l’intervalle entre les faits et l’arrivée du superviseur, elle affirmait être restée dans le même coin du couloir principal du 28 ème étage, où elle s’était réfugiée.
La plaignante a certifié sous serment l’exactitude de cette version quand elle a été interrogée par le Grand jury, sur ce qu’elle avait fait après les incidents de la suite 2806.
La plaignante a par la suite admis que ce compte-rendu était faux et qu’après l’incident de la suite 2806, elle a nettoyé une chambre voisine, et qu’elle est ensuite retournée dans la suite 2806 et a commencé à la nettoyer avant de rapporter les faits à son superviseur.
De plus, la plaignante a rapporté que durant les deux précédentes années fiscales, elle a déclaré l’enfant d’un ami en plus du sien comme étant à sa charge sur sa déclaration fiscale, dans le but d’augmenter son crédit d’impôt, au delà de celui auquel elle avait droit. Elle a aussi admis falsifier son revenu pour conserver son logement actuel.
Pour finir, au cours de cette procédure, la plaignante a multiplié les mensonges aux assistants du procureur sur un certain nombre de sujets concernant son histoire, son passé, sa vie actuelle et ses relations personnelles.
N’hésitez pas, je vous prie à nous contacter si vous avez des questions.
Signé :
Joan Illuzzi-Orbon, assistante du procureur.
John (Artie) McConnell, assistant du procureur.
Copie à l’honorable juge Michael J. Obus, Cour suprême du conté de New-York.