« Fès ma belle, ma délicieuse » – « Une ode à l’impériale médina» Un film de Jean Claude Cintas
Coréalisé avec Jean Pierre Zirn, en 12 tableaux « 12 Chantpoèmes », le film de 64 mn est une déclaration d’amour à la ville spirituelle. Entre mystère et fascination, l’auteur, parcourant Fès, se laisse emporter poétiquement par ses ruelles, mosquées, médersas, fontaines et salles d’ablution, jardins historiques, murailles et remparts, portes fortifiées, mausolées, palais et riads, places et souks…
Par Fouzia Benyoub
Ville aux trésors architecturaux incroyables, le film dévoile ses trésors luxuriants et colorés. Le regard de l’auteur se pose sur la médina, le centre historique où se concentre une grande partie des activités économiques, particulièrement des industries d’art. Menuiserie avec sculpture et peinture sur bois, fer forgé, cuivre ciselé, orfèvrerie, céramique, tissage des soieries et la broderie, autant de métiers sont exercés dans de minuscules ateliers ou dans des boutiques, redécouverts dans cette balade délicieuse à Fès.
La médina de Fès a été construite sur un terrain où regorgent les eaux de plusieurs sources et des branches de la rivière d’Oued Fès. Elle s’offre à portée de main, inspirante et inspirée :
« Fès, main en creux posée dans la pleine du Saïs
Creuset de terre et de briques séchées au soleil
Tuiles vernissées de vert aux rebords des patios
Juste là, où une pioche fit jaillir l’eau !… » Chantpoème1
L’image défile, le mot voyage, la musique parfume 12 siècles d’histoire, de tradition, d’art, d’architecture et de spiritualité.
Dans sa parade amoureuse de Fès, Jean Claude Cintas marche vers ce Maroc qui l’a vu naître en 1957, à Oujda. Ses grands-parents andalous ont élus domicile à Oued El Heimer dans l’Oriental, voulant fuir la misère écrasante du sud de l’Espagne. Lui qui se définit comme « Andalou d’origine, français d’adoption et marocain de cœur » est arrivé en région parisienne à l’âge de 15 ans.
Puis Jean-Claude Cintas, repris contact avec le Maroc en 1995. Il participa à la réalisation de la communication du Festival des Musiques Sacrées du Monde de Fès.
Le film est comme une mélodie, les notes musicales en appellent d’autres et le souffle de l’auteur avance pour croiser le concert des gestes millénaires des Maâlem. Entre ombre et lumière, le reflet d’un mode de vie, d’un art de vie, baignés longtemps entre Berbérie et Andalousie, et au-delà d’un vivre ensemble entre les croyants de tout bord.
L’auteur marche dans les ruelles de Fès, parle à ses semblables :
« Mon frère, je marche dans tes ruelles » Ô ami, toi qui te perds comme moi, sur le chemin. Ô ami, comme toi « Je ne suis ni chrétien, ni juif, ni guèbre, ni musulman ; je ne suis ni d’Orient, ni d’Occident, ni de la terre, ni de la mer » Je suis de Fès et de nulle part, Je suis ton frère qui marche à tes côtés comme tu marches aux miens, La main dans la main de mon frère. » Chantpoème 2
Fès al Bali, fut fondée par Idris 1er, en 789 sur la rive droite de l’oued Fès. Terre qui accueillait des familles de réfugiés andalous en 817. En 857 avec l’arrivée de familles de Kairouan, Fatima al Fihriya fit construire dans le quartier de la rive gauche, la mosquée Al Quaraouiyine, considérée comme la plus ancienne université dans le monde.
De la diversité de sa population et des influences qu’elle a reçues, Fès est devenue un carrefour savant entre l’Andalousie, le Maghreb et l’Afrique. Aujourd’hui, la médina est l’une des plus grandes zones urbaines sans voiture au monde avec 11 000 ruelles.
270 000 personnes y vivent. Ville de commerce, important marché agricole, Fès a conservé une tradition artisanale, près de 30.000 familles vivent du travail du cuir, du tissage de de la soie, de la broderie ou de la céramique.
« Maîtres artisans : dinandiers, menuisiers, tisserands… »
« Ô toi Maâlem, le Maître artisan, Toi qui de ton couteau, de ton ciseau, Toi, qui de ton marteau, de ton pinceau, Toi, qui de ton poinçon comme de ton pointeau, Toi qui, de ton silence, dis : « Je suis la main de Dieu » Je suis la main qui donne la beauté sans imiter le réel, étincelle de la vérité sans laquelle il n’y a pas d’art. » Chantpoème 10.
Tout au long du film, sont intégrés au parcours « chantpoétique » des extraits musicaux de « Fès Jazz in Riad Festival » pendant lequel Jean Claude Cintas était le directeur artistique pour les dernières éditions de 2009 et 2010.
Jean-Claude Cintas, est un artiste, écrivain, photographe, réalisateur et directeur artistique. A noter que ce film est le tout premier film poétique qui n’ait jamais été réalisée sur Fès !
Ce film « Fès ma belle, ma délicieuse » est disponible en DVD Collector de 64 mn, sous-titré en anglais accompagné d’un 1 livret de 12 pages en français-anglais.