Algérie: le corps d’Hervé Gourdel retrouvé après 3 mois de recherches
L’armée algérienne a retrouvé jeudi matin, après plus de trois mois de recherches, le corps du touriste français Hervé Gourdel, enlevé puis décapité en septembre par un groupe jihadiste ayant fait allégeance à l’organisation Etat islamique (EI).
Il était donc enterré à une quinzaine de kilomètres par la route du lieu de son enlèvement.
"Suite à l’exploitation des renseignements fournis par un terroriste arrêté, un détachement" de l’armée a retrouvé le corps d’Hervé Gourdel à 10h00 du matin, indique le ministère de la Défense dans un communiqué. La dépouille a été exhumée en présence de représentants de la justice et de la gendarmerie, et son identité a été confirmée par des analyses d’ADN, poursuit le communiqué.
Le corps et la tête étaient enterrés séparément au milieu d’une forêt, dans un endroit piégé avec des engins explosifs. Les militaires, aidés d’une brigade cynophile, ont dû faire appel à des artificiers avant de commencer à fouiller la tombe indiquée, ont assuré des sources sécuritaires à l’AFP.
"Les terroristes entendaient faire des victimes parmi ceux qui viendraient fouiller dans le coin", a commenté auprès de l’AFP un habitant qui suivait à distance avec d’autres les fouilles.
Des experts de la gendarmerie ont effectué des prélèvements génétiques sur place. Ils ont été rejoints par le procureur spécialisé dans les affaires de terrorisme et un juge d’instruction en charge du dossier, partis d’Alger, a indiqué une source judiciaire à l’AFP.
Hervé Gourdel, guide de haute montagne de 55 ans originaire du sud de la France, avait été enlevé le 21 septembre au coeur du massif du Djurdjura par le groupe armé Jund al-Khilafa, qui a affirmé l’avoir exécuté en représailles à l’engagement de la France aux côtés des Etats-Unis dans les frappes contre l’EI en Irak.
Après l’exécution du Français, dont la vidéo avait été mise en ligne, la justice avait lancé des poursuites contre quinze personnes, toutes de nationalité algérienne, soupçonnées d’y avoir participé.
Au moins deux d’entre elles ont été tuées en novembre dernier, selon le ministre de la Justice, Tayeb Louh.
Puis l’armée avait tué le 22 décembre à Issers (65 km à l’est d’Alger) trois hommes dont le chef de Jund al-Khilafa, Abdelmalek Gouri.
Samedi dernier, en plein jour, elle a tué un jihadiste dans les environs du village d’Ait-Saada, à une dizaine de kilomètres du lieu où était enterré Hervé Gourdel.
M. Gourdel, arrivé en Algérie le 19 septembre pour faire du trekking dans le massif du Djurdjura, avait été kidnappé près du sommet Lala Khedidja qui culmine à 2.308 m d’altitude. Il se trouvait avec cinq compagnons algériens qui avaient été relâchés après 14 heures de séquestration.
Immédiatement après l’annonce de l’enlèvement, qui avait provoqué une forte émotion y compris en Kabylie, l’armée avait lancé 3.000 soldats à la recherche des ravisseurs. "Jamais on n’avait vu autant de militaires dans la région", a commenté un villageois, ajoutant que depuis ce déploiement "les habitants sont devenus plus coopératifs avec l’armée".
Jund al-Khilafa a surgi sur la scène jihadiste fin août en affirmant dans un communiqué avoir quitté Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dénoncée pour sa "déviance", et fait allégeance à l’EI, un groupe ultra-radical responsable de nombreuses atrocités, dont la décapitation de plusieurs journalistes occidentaux en Syrie.