Plus de 9 millions d’électeurs recensés par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) devraient se rendre aux bureaux de vote répartis à travers le pays pour désigner les membres de ces conseils, qui seront appelés à former le Conseil national des districts et des régions, deuxième chambre du Parlement, marquant une nouvelle étape d’un processus politique orienté vers une gouvernance par la base.
Pour ce scrutin inédit censé aboutir à l’élection des membres des 279 conseils locaux, l’instance des élections a validé 7.217 candidats dans 2 155 circonscriptions, dont 22% sont des jeunes de moins de 35 ans.
D’après plusieurs observateurs, ces élections s’inscrivent dans une nouvelle reconfiguration du paysage politique déclenchée après la dissolution de l’ancien parlement et l’adoption en juillet 2022 d’une nouvelle constitution, suivi d’élections législatives anticipées dans le pays, le 17 décembre de la même année.
Dans un climat de désaffection de plus en plus grandissante pour le jeu politique, la campagne électorale qui a précédé les élections prévues le 24 décembre a suscité très peu d’intérêt parmi la population tunisienne.
Cette situation est d’autant plus accentuée par l’absence des principaux acteurs politiques connus pour leur force de mobilisation sur le terrain et la faible expérience politique des candidats en lice pour le scrutin.
A cela s’ajoute l’ambiguïté quant aux rôles et attributions de ces nouveaux conseils et leur véritable contribution au paysage politique, la prise de décision et l’élaboration des stratégies de développement au niveau régional.
Force est de constater que les principales formations politiques du pays ont annoncé leur boycott de ce nouveau rendez-vous électoral, sur fond de profondes divisions sur les modalités de ces élections et le nouveau découpage des circonscriptions électorales.
Des formations d’oppositions tels que le Front du salut national, le Parti destourien libre (PDL) et « Afek Tounes » ont jugé nécessaire la révision de l’arsenal juridique régissant ces échéances, lançant un appel « à toutes les forces vives du pays pour boycotter les prochaines échéances ».
A l’approche de ces élections, le front du boycott s’est élargi également aux personnalités indépendantes de plusieurs horizons politique, syndical et civil qui sont montés au créneau pour exprimer leur opposition à ce nouveau chapitre politique.
Dans ce sens, plus de 260 personnalités de la scène politique et de la société civile en Tunisie ont appelé à boycotter les élections locales prévues le 24 décembre courant, dénonçant « un nouveau pas sur la voie de la suppression des institutions de la République démocratique ».
Dans le même sillage, d’autres personnalités indépendantes du paysage politique et de la société civile en Tunisie ont lancé une pétition pour exprimer leur opposition aux élections locales prévues le 24 décembre, appelant à annuler ce scrutin dont elles « ne voient aucune utilité » dans un pays traversant une crise politique sans précédent.
Pour rappel, les dernières élections législatives organisées en décembre 2022 ont connu le taux de participation le plus faible depuis 2011, après un boycott unanime du scrutin de la part des formations d’opposition.
Le taux de participation définitif au second tour des élections législatives n’a pas dépassé 11,4%, les Tunisiens ayant répondu massivement à l’appel des partis politiques et des organisations de la société civile pour bouder cette échéance.