Dans un contexte marqué par une guerre aux portes de l’Europe, qui risque de se prolonger dans le temps, l’exécutif est dans l’urgence de trouver des réponses, notamment à la flambée des prix de l’énergie, qui impacte fortement les ménages, dont le pouvoir d’achat ne cesse de s’effriter depuis des mois, ainsi qu’à une éventuelle pénurie de gaz et d’électricité à l’hiver prochain.
Il s’agit d’une rentrée « particulièrement dense » aussi bien au niveau interne qu’international ayant commencé avec un premier Conseil des ministres, tenu lors de la dernière semaine d’août, indique Emmanuel Dupuy, président de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), think tank basé à Paris.
Pour le politologue, ces premières activités donnent la préfiguration de ce que sera la rentrée politique, marquée par un agenda politique interne « compliqué » avec un projet de loi des finances qui a besoin de la voix des 64 députés Républicains, le président ne disposant pas d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Dans ce sillage, l’exécutif a présenté le 7 septembre en Conseil des ministres le projet de loi sur l’assurance-chômage qui doit permettre de répondre aux difficultés de recrutement constatées depuis plusieurs mois. Le texte sera examiné par le Parlement dès la reprise des travaux de l’Assemblée nationale, en octobre.
L’autre texte est le projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (Lopmi), qui doit offrir aux forces de l’ordre ‘’des moyens jamais obtenus auparavant’’, selon l’exécutif, avec la modernisation des outils des policiers et des gendarmes qui doit s’accompagner de la création de 8.500 postes dans les cinq prochaines années, dont 3.000 dès l’an prochain, avec, à la clé, 15 milliards d’euros débloqués pour la Place Beauvau d’ici 2027.
Outre ces thématiques, d’autres sujets vont revenir sur le devant de la scène, à leur tête le pouvoir d’achat, avec une augmentation inexorable du prix du carburant et la diminution de la capacité de l’État à offrir un bouclier fiscal et des aides à la consommation, note M. Dupuy.
Deuxième élément, la très controversée loi sur les retraites doit être votée, mais pour l’instant, il n’y a pas de consensus, et encore moins une majorité, alors que M. Macron a besoin d’ancrer son action dans un partenariat avec ses propres troupes, au moment où la crise énergétique qui se profile crée des tensions, relève-t-il.
Pour le politologue, le nucléaire pourrait être une alternative à la dépendance du pays au gaz, mettant en avant les difficultés d’élaborer des scénarii, face au manque de données précises sur l’ampleur de la crise, qui, selon lui, n’est pas liée seulement à la guerre en Ukraine, mais aussi aux choix faits en France de fermer 25 réacteurs nucléaires sur les 56 dont dispose le pays, alors qu’il est prévu d’en fermer 16 nouveaux.
Au-delà de l’énergie, il s’agit aussi de la capacité de la France d’inscrire son économie dans le temps long, en s’adaptant à une guerre qui promet d’être longue, relève le président de l’IPSE.
Par ailleurs, cette rentrée sera également marquée par un agenda diplomatique « très compliqué » pour le chef de l’État français, avec la guerre en Ukraine qui risque de durer et ses conséquences sur la cohésion européenne, d’autant qu’un certain nombre de pays sont en train de s’émanciper de l’unité que l’on avait vu chez les 27 en début de crise. De plus, des élections législatives en Europe risquent de “fragiliser” les soutiens dont M. Macron disposait sur le continent.