Sommet de l’UA : la situation sécuritaire du continent africain appelle désormais une vraie nouvelle approche (Moussa Faki)
«La situation sécuritaire du Continent appelle désormais une vraie nouvelle approche qui devrait questionner notre architecture de paix et de sécurité et sa corrélation avec les nouveaux facteurs de déstabilisation de l’Afrique. En l’absence de ce sursaut d’intelligence et de décision, je me pose de sérieuses questions sur l’avenir de notre projet phare de faire taire les armes à échéance fixée », a relevé M. Moussa Faki Mahamat à l’ouverture du 35eme Sommet ordinaire de l’organisation panafricaine.
Le président de la Commission a souligné que «la dangereuse expansion du mal requiert une mobilisation internationale plus forte et une solidarité interafricaine plus féconde, plus concrète, plus agissante », notant qu’il «est particulièrement déconcertant de voir, ici ou là, des velléités d’engagements non africains pour soutenir les pays africains agressés alors que le rayon ténu de la solidarité africaine ne permet de voir que l’immensité de la paralysie africaine vis-à-vis des demeures voisines qui s’embrasent ».
M. Moussa Faki Mahamat a également mis en garde contre la dégradation de la situation sécuritaire du continent qui est «aujourd’hui profondément marquée par la métastase du terrorisme et de la dangereuse résurgence des changements anticonstitutionnels ». « D’ailleurs les deux phénomènes établissent des liens de causalité connus de tous. L’un trouve souvent ses prétextes dans la prégnance et l’expansion de l’autre et la lutte nécessaire contre celui-ci produit l’illusion que le second est la réponse aux échecs avérés dans la lutte contre le premier», a fait remarquer M. Moussa Faki Mahamat.
«Le contexte marqué par ces deux fléaux aurait permis d’entrevoir les lueurs d’espoir si le monde n’était pas celui où les égoïsmes nationaux, le repli sur soi et l’affaissement des valeurs de solidarité et de générosité fruits de notre commune humanité se ternissent à vue d’œil. La profonde et irrécusable vérité pourtant est qu’aucun pan de la société internationale ne saurait être rassuré sur son sort alors que tous les autres pans ne le seraient point. La crise du multilatéralisme est là, réelle et prégnante », a dit le président de la Commission.
Abordant par ailleurs la COVID-19, M. Moussa Faki Mahamat a affirmé que cette pandémie a interpellé le genre humain au plus profond de son être et de sa conscience. « Nous ne pouvons, au moment où nous nous retrouvons physiquement pour la première fois, depuis la survenance de la pandémie, échapper à notre part du questionnement, sur nous-mêmes, nos doutes, nos angoisses, nos inquiétudes pour notre organisation et pour notre Afrique. Aux deux fléaux majeurs de l’heure que sont la Covid-19 et le terrorisme à l’échelle du Continent, s’ajoutent nos intrinsèques fragilités que les deux fléaux mettent à nu », a dit le Président de la Commission de l’UA.
L’impact de la Covid-19 s’est traduit par la contraction de la croissance de 2,1% en 2020 et par l’accentuation du taux d’endettement de 10 points du PIB. L’Afrique, en raison de l’insuffisance des financements externes pour compenser le faible taux de son épargne, ne pourra pas retrouver la dynamique de sa croissance d’avant la survenance de la covid-19, a déploré M. Moussa Faki Mahamat.