Cette mise à jour reflète "un changement majeur dans la manière dont la médecine voit et étudie cette maladie", relèvent les Instituts nationaux de la santé (NIH) et l’Alzheimer Association qui ont dirigé ce projet.
"Le recherche sur Alzheimer a beaucoup évolué au cours des vingt-cinq dernières années et ajuster les critères du diagnostic pour tenir compte de ces avancées est nécessaire pour encourager et accélérer la recherche qui va bénéficier aux patients", explique dans un communiqué le Dr Richard Hodes, directeur au sein du NIH de l’Institut national du vieillissement.
Les critères cliniques utilisés initialement se bornaient à décrire le dernier stade de l’évolution de la maladie quand les symptô mes de la démence étaient déjà apparents.
Les nouvelles directives couvrent toutes les étapes de cette pathologie qui évolue graduellement et peut provoquer des changements dans le cerveau une décennie voire plus avant qu’elle ne devienne évidente.
Ces directives retiennent trois phases. La première dite pré-clinique décrit des changements dans le cerveau y compris un début d’accumulation de plaques séniles formées d’un peptide (ß-amyloïde), une forme de protéine.
Cette anomalie finit par entraîner la mort inéluctable des neurones, les cellules nerveuses cérébrales.
La seconde phase correspond à des déficiences mentales comme des symptô mes de pertes de mémoire suffisamment évidentes pour être notées et mesurées mais pas assez prononcées pour empêcher la personne de vivre indépendamment.
Les sujets présentant ces symptô mes ne vont pas forcément connaître une évolution vers la maladie d’Azheimer, soulignent les auteurs de ces directives.
La troisième et dernière phase est celle de la démence telle qu’elle est déjà décrite par la médecine.
Ces dernières directives incluent également le recours à des techniques d’imagerie du cerveau comme l’IRM –imagerie par résonance magnétique– ainsi qu’à des bio-marqueurs –caractéristiques biologiques mesurables– dans le sang et le liquide cérébro-spinal. Ces marqueurs pourraient déterminer si des changements dans le cerveau et le reste du corps signalent la maladie.
Les chercheurs utilisent de plus en plus ces bio-marqueurs dans leur recherche pour traquer l’évolution du mal. Mais ces bio-marqueurs ne peuvent pas encore être utilisés de façon routinière pour un diagnostic clinique sans davantage de test et de validation.
Les premiers critères cliniques de la maladie d’Alzheimer officiellement établis en 1984, révélaient les connaissances médicales limitées d’alors, décrivant cette pathologie comme ayant une seule phase, la démence.
Il fallait attendre une autopsie pour confirmer le diagnostic quand les signes clairs de la maladie pouvaient être constatés à savoir une agrégation de plaques d’amyloïde et de protéines "tau" dans certaines zones du cerveau.
Près de 36 millions de personnes souffraient d’Alzheimer dans le monde en 2010 selon un rapport de l’organisation "Alzheimer’s Disease International" et ce nombre pourrait atteindre 65,7 millions d’ici 2030 et 115,6 millions en 2050.
Ce même rapport a chiffré les coûts de la maladie à 604 milliards de dollars dans le monde l’an dernier
Cette pathologie, décrite pour la première fois en 1907 par le psychiatre allemand Aloïs Alzheimer, se manifeste le plus souvent à partir de 65 ans mais peut apparaître avant.