Ces troubles, dont les motifs exacts ne sont pas connus dans l’immédiat, interviennent dans un contexte d’instabilité politique et de problèmes socio-économiques en Tunisie, dix ans après la chute du président Zine El Abidine Ben Ali sous la pression d’un soulèvement populaire.
La classe politique, plus fragmentée que jamais depuis les élections législatives de 2019, se déchire alors que l’urgence sociale s’accentue avec la pandémie de coronavirus (177.231 cas dont 5.616 décès), qui s’ajoute à la hausse des prix, la persistance du chômage et la défaillance croissante des services publics.
Bravant le couvre-feu, des dizaines de jeunes sont sortis ces deux dernières nuits dans la rue cassant des façades de commerces, des voitures, commettant des actes de pillage, et lançant des pierres contre la police, a indiqué à l’AFP le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Hayouni.
Des dizaines de jeunes, en majorité des mineurs âgés entre 14 et 17 ans, ont été arrêtés, a ajouté M. Hayouni, en appelant les parents à surveiller leurs enfants.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des jeunes dans plusieurs villes du pays brûlant des pneus, insultant la police, forçant des portes de commerces et volant des électroménagers.
Les violences ont eu lieu dans des quartiers populaires notamment à Tunis, Bizerte, Menzel Bourguiba (nord), Sousse (est), Nabeul (nord-ouest), Siliana (centre), selon M. Hayouni et des vidéos publiées sur internet par habitants.
Principalement sur les réseaux sociaux, certains Tunisiens ont attribué ces violences à l’échec de la classe politique à améliorer la situation, d’autres ont appelé à trouver « les parties derrière » ces troubles en les accusant de vouloir « créer le chaos ».
Aucun slogan revendicatif n’a été enregistré durant ces troubles, selon le ministère de l’Intérieur.
En vigueur depuis jeudi pour tenter de limiter la propagation du nouveau coronavirus, le confinement doit être levé dimanche en Tunisie. En revanche, le couvre-feu nocturne imposé depuis octobre reste en vigueur.
Samedi, le Premier ministre Hichem Mechichi a procédé à un remaniement ministériel touchant onze portefeuilles, avec l’objectif de faire un travail « plus efficace ». Le gouvernement remanié doit être approuvé par le Parlement.