A l’occasion de ce scrutin, dont le second tour opposera dimanche 24 avril le président sortant Emmanuel Macron à la candidate de l’extrême droite, Marine Le Pen, cette dernière fait de ce principe “anti-démocratique” la clé de voûte de son programme électoral.
La cheffe de file du Rassemblement national entend, ainsi, soumettre au référendum son projet de révision constitutionnelle sur l’immigration et l’inscription de la «priorité nationale», un principe qui était également défendu par le polémiste Eric Zemmour, l’autre candidat d’extrême droite, ayant terminé sa course à l’Élysée à la quatrième place du premier tour de l’élection présidentielle.
Dans son programme électoral accessible en ligne et comprenant « 22 mesures pour 2022 », Mme Le Pen affirme vouloir instaurer “la priorité nationale d’accès au logement social et à l’emploi”, couplée d’une réservation des «aides sociales aux Français» et l’obligation d’accomplissement de « cinq années de travail » dans le pays pour permettre « l’accès aux prestations de solidarité » aux personnes de nationalité étrangère.
La prétendante à la magistrature suprême, qui affrontera mercredi soir Emmanuel Macron lors d’un débat télévisé très attendu à quatre jour du second tour, estime « indispensable de modifier la Constitution pour y intégrer des dispositions portant sur le statut des étrangers et la nationalité et pour faire prévaloir le droit national sur le droit international».
Pour ce faire, elle propose la tenue d’un référendum, en se basant sur l’article 11 de la Loi fondamentale, avec pour objectif de contourner le contrôle du Conseil constitutionnel, qui “ne peut examiner une loi adoptée par référendum”, relève Mme Le Pen dans le fascicule consacré au “contrôle de l’immigration”, précisant que dans le cadre de cette consultation, les citoyens devront se prononcer sur « une réforme de la Constitution et des modifications des lois relatives à la situation des étrangers, à la nationalité et à l’identité françaises ».
Par ailleurs, la représentante de l’extrême droite fait des propositions visant à consacrer la primauté du droit national sur le droit international et européen.
Son opposant, le président-candidat Emmanuel Macron entend de son côté «moderniser» la Constitution et le «fonctionnement institutionnel» en associant «toutes les forces politiques qui sont présentes dans les deux chambres», à travers notamment la mise en place d’une « convention transpartisane ».
Concernant la question migratoire, et sans pour autant verser dans la radicalité, Emmanuel Macron s’inscrit dans la continuité de la politique mise en place lors du quinquennat écoulé, en voulant renforcer davantage le contrôle des frontières européennes et nationales, accélérer les procédures d’asile et expulser plus efficacement en cas de refus, soumettre l’obtention d’un titre de long séjour à la réussite d’un examen de français et une insertion professionnelle et expulser les étrangers à l’origine de troubles à l’ordre public.
Si les propositions de Marine Le Pen trouvent un large écho auprès des sympathisants de l’extrême droite, elles sont toutefois décriées par de larges pans de la société française et les observateurs, qui y voient des principes “discriminatoires” qui sapent les fondements de l’État de droit et les principes de la démocratie.
Elles constituent aussi une rupture avec les principes républicains et enfreignent notamment l’article 1 de la Constitution et à l’article 1 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, observent-ils.