Par l’annonce de son retour à l’UA, le Maroc offre une chance historique à l’Afrique (Jean-Paul Carteron)
En annonçant son intention de réintégrer l’Union africaine, le Maroc offre une chance historique à l’Afrique, a souligné le président d’honneur du Forum Crans-Montana (FCM), Jean-Paul Carteron, affirmant que « le réalisme semble devoir prévaloir désormais en Afrique ».
Le fondateur du FCM a relevé qu’au moment où le Maroc annonce son souhait de rejoindre son banc à l’UA, 28 pays africains demandent la suspension de la pseudo-RASD. "Cela semble tout à fait logique. Ils veulent tout simplement que l’UA puisse devenir l’ONU de l’Afrique, crédible et respectée", a-t-il estimé. Ce soutien, a-t-il dit, émane des chefs d’Etat de pays qui couvrent la totalité des régions de l’Afrique, y compris celles jusque-là connues pour leur hostilité à l’intégrité territoriale du Royaume, telle l’Afrique australe.
Soulignant qu’il s’agit là d’une attitude de sagesse et de réalisme, M. Carteron a mis l’accent sur l’évolution de la position de la Zambie, de la Libye ou encore du Ghana, membre historique et influent de l’Union.
De l’avis de M. Carteron, l’Afrique est aujourd’hui à un tournant majeur de son histoire : elle subit de plein fouet les conséquences dramatiques de la mondialisation, de l’insuffisance évidente de sa gouvernance et du terrorisme qui se répand à travers le monde et notamment chez elle. "L’Afrique a subi les effets pervers et à long terme de sa colonisation", a-t-il expliqué, indiquant que le fonctionnement normal de ses institutions s’est trouvé hypothéqué par le jeu pervers des influences et le mépris implicite et destructeur qui en est résulté de la part de certains grands acteurs de la vie internationale. "Tout cela doit prendre fin", a-t-il insisté.
Pour le président d’honneur du Forum Crans-Montana, lorsque le Maroc a décidé de quitter l’OUA en 1984, "c’était une bonne décision". Il était clair, selon lui, que rien de positif ne pouvait plus sortir d’une organisation fonctionnant dans les conditions que certains avaient choisi de lui imposer. Il a cité à cet égard l’admission en tant que membre d’une entité qui n’avait aucune des caractéristiques de base pour devenir un Etat membre.
"Tout au long des années qui suivirent, l’OUA devenue l’UA a souffert de ce péché originel", a-t-il dit, ajoutant que "l’UA a perdu, au fil des années, toute crédibilité parce qu’elle est devenue partiale, au service de politiciens qui ne la voulaient que pour l’utiliser afin de faire prévaloir leurs ambitions nationales".
Entre temps, a-t-il fait observer, le Maroc poursuivait son chemin tranquillement et paisiblement, donnant à tout le continent l’exemple d’une gouvernance sérieuse, réaliste et efficace, conjuguant avec succès tradition et progrès tout en intégrant le processus mondial de globalisation. "Pouvait-on imaginer il y a cinquante ans, qu’un pays africain profondément musulman puisse devenir le champion de la promotion de la femme, le premier producteur d’énergie solaire ou le premier producteur d’automobiles en Afrique?", s’est-il interrogé, rappelant que le Royaume devient le deuxième investisseur et une référence continentale en matière de développement.
C’est pour cela, a dit M. Carteron, que de nombreux pays africains se sont tournés vers le Maroc pour lui demander de rejoindre l’UA. "Le Maroc a en effet un rôle majeur à jouer dans cette organisation qui peut devenir une référence pour tout le continent et le monde", a-t-il fait valoir.
Pour le fondateur du FCM, il est clair que l’UA doit maintenant aborder de manière sérieuse son fonctionnement interne et cesser d’accepter que certains jeux de rôle ne détruisent plus sa crédibilité et son indépendance. "De vrais débats, constructifs et structurants, ne peuvent s’ouvrir que si l’UA ne compte parmi ses membres délibérants et votants que des Etats souverains", a-t-il estimé, signalant que la prétendue RASD n’a rien à faire dans une telle assemblée d’Etats, faute de tout substrat minimum de souveraineté. L’organisation, a-t-il conclu, se décrédibilise elle-même et perd toute légitimité et toute neutralité en admettant, a priori, parmi ses membres ceux qui n’existent juridiquement pas même s’ils ambitionnent de l’être.