Marche nationale à Casablanca pour protester contre « la détérioration » de la situation sociale et économique de la classe ouvrière
La marche, placée sous le signe "une marche nationale de protestation pour la défense du pouvoir d’achat, la dignité, la liberté et la justice sociale", a vu la participation des leaders desdits syndicats, d’acteurs politiques et associatifs ainsi que des représentants d’organisations syndicales sectorielles basées dans différentes régions.
Les participants à la marche, des milliers de personnes, ont scandé des slogans contre "le blocage" du dialogue social, le "retard" accusé par le gouvernement quant au règlement des questions et préoccupations des salariés et travailleurs, dénonçant "l’indifférence" de l’exécutif face aux "revendications justes et légitimes de la classe ouvrière", ainsi que "le manque d’une volonté réelle" d’ouvrir des négociations collectives devant déboucher sur des accords concrets au profit de la classe ouvrière.
Les manifestants ont déployé des banderoles appelant, entre autres, à apporter des solutions aux dossiers en suspens, appliquer dans sa totalité l’accord du 26 avril 2011, protéger les libertés syndicales, associer les travailleurs à la réforme du système de la retraite et de la caisse de compensation et préserver le pouvoir d’achat de la classe ouvrière.
Dans son intervention, le Secrétaire Général de l’UMT, Miloudi Moukharik, s’est d’emblée félicité du "succès" de cette marche de protestation qui a réuni des représentant de tous les secteurs d’activités venus de toutes les régions du Royaume, à leur tête les provinces du sud, relevant que les revendications de la classe ouvrière sont légitimes et portent sur l’augmentation des salaires, la préservation du pouvoir d’achat, la majoration du SMIG et sa généralisation aux ouvriers du secteur agricoles, ainsi que la revalorisation des pensions de retraite, la généralisation de la couverture sociale, la révision et la réactivation du code de travail et la protection des libertés syndicales.
Tout en appelant le gouvernement à reprendre le dialogue social, il a fait remarquer que la marche de Casablanca a eu des échos aux niveaux national et international comme en témoigne le niveau de participation et les messages de soutien adressés, selon lui, aux centrales syndicales par différentes organisations syndicales internationales.
Pour sa part, le secrétaire général adjoint de la CDT, Abdelkader Zair a appelé le gouvernement à "tirer les enseignements de cette marche ouvrière qui constitue un message de la classe laborieuse au chef du gouvernement appelé aujourd’hui à répondre aux revendications de cette classe à travers la négociation et la satisfaction de ses revendications", ajoutant que le chef de l’exécutif "doit donner l’exemple en adoptant une politique d’austérité au lieu de demander à la classe ouvrière de faire cet effort".
Le secrétaire général de la FDT, Abderrahmane Al Azzouzi a, quant à lui, mis l’accent sur "l’importance de cette étape de lutte pour réaliser l’unité syndicale et renforcer la capacité de la classe ouvrière à relever les défis en vue de faire aboutir ses revendications justes", invitant le gouvernement à "faire une lecture saine et positive du message que lui adresse aujourd’hui l’ensemble des fonctionnaires et salariés, et à reprendre de manière sérieuse et responsable le processus des négociations relatif aux dossiers revendicatifs". "les travailleurs, a-t-il poursuivi, aspirent à un dialogue réel et non de forme, devant déboucher sur des résultats à la hauteur des attentes de la classe ouvrière".
Il a par ailleurs souligné que cette marche a bénéficié d’un grand soutien de la part des organisations de la société civile et politique nationales.
De son côté, M. Abdelali Mastour, acteur associatif et président du club de la citoyenneté, a indiqué que cette marche vise à rappeler au gouvernement ses engagements et ses responsabilités sociales à l’égard des travailleurs et de la classe ouvrière, ajoutant que cette manifestation a été marquée par la coordination entre les syndicats et une présence populaire, à travers la participation de plusieurs acteurs sociaux civils venus appuyer les revendications sociales et les droits des travailleurs.
Il a relevé, à cet égard, les "manquements" du gouvernement quant à la mise en oeuvre de la constitution et l’application de ses dispositions et la lutte contre la corruption via l’adoption d’une stratégie nationale et des mécanismes et institutions clairs, outre une mobilisation populaire. Ces "manquements", a-t-il dit, apparaissent aussi en ce qui concerne les engagements de l’exécutif à l’égard des catégories sociales, de la protection de leurs droits et de la garantie d’une vie digne pour les citoyens.
La présidente de la Fédération de la Ligue démocratique des droits des femmes et coordinatrice de la Coalition civile pour l’application de l’article 19 de la Constitution, Fouzia Assouli, a pour sa part indiqué que la participation d’organisations féminines à cette marche traduit leur soutien à la classe ouvrière qui compte un grand nombre de femmes victimes de différentes formes de violence et de discrimination.
Lors d’une conférence de presse tenue en mars dernier, les trois centrales syndicales avaient indiqué que l’organisation de cette marche est une manière d’"assumer leur responsabilité historique vis-à-vis de la classe ouvrière en s’acquittant pleinement des rôles social et politique qui leur incombent" et illustre leur "engagement patriotique" et "leur sens élevé de responsabilité en ce qui concerne le traitement du dossier social".