Le football italien éclaboussé par un nouveau scandale de matchs truqués

Après le « Totonero » en 1980 et le « Calciopoli » en 2006, le monde du football en Italie est secoué par un nouveau scandale de matchs truqués mettant en cause des dirigeants de clubs mais également des joueurs de grande renommée dont Beppe Signori, le triple Capocanoniere (1993, 94, 96) sous le maillot de la Lazio de Rome.

L’affaire suscite de larges commentaires de la presse italienne qui, depuis mercredi, se lance en conjectures sur l’ampleur des ententes convenues et les noms des clubs qui en auraient tiré profit.

"Foot infecté", titrait notamment jeudi la "Gazzetta dello sport" qui s’est procurée le dossier de l’instruction de 611 pages. Le journal cite trois groupes mafieux qui auraient manipulé des matchs, le "groupe de Bologne", le plus actif, ainsi que les "gitans" et les "Albanais". Chacun des membres de ces groupes avait, selon les enquêteurs, un rôle bien défini pour influer sur les résultats des matchs, notamment en versant des sommes d’argent.

Le juge de Crémone, Guido Salvini, chargé du dossier, parle de "tout un système", très organisé, pour contacter des joueurs et truquer les résultats.

L’opération, baptisée "Last bet" (dernier pari), porte sur les motifs d’"association de malfaiteurs", d’"extorsion de fonds " et de "fraude sportive".

"Les prévenus connaissent beaucoup de monde. Cela permet d’atteindre des joueurs prêts, même pour peu d’argent, à influer sur un match. On parle même d’un tarif", a indiqué le procureur de Crémone, Roberto Di Martino, en donnant quelques détails sur l’enquête.

Il s’agirait de 400.000 euros pour un match de Série A, 120.000 euros pour un match de Série B, et 60.000 pour la Lega Pro (3è div.). L’enquête porterait sur 18 matchs au total.

Mercredi, la police a procédé à seize interpellations qui ont concerné d’anciens joueurs de Série A, des joueurs en activité de Série B et C ainsi que des dirigeants de clubs de divisions inférieures. Des employés d’officines de paris sont aussi suspectés. Au total, l’enquête porte sur une trentaine de personnes.

Les magistrats ont émis sept mandats d’arrêt tandis que neuf parmi les personnes interpellées ont été assignées à résidence. C’est le cas de Beppe Signori, aujourd’hui âgé de 43 ans, qui est la principale personnalité mouillée dans cette affaire dite "Calcioscomesse" (paris dans le football).

Signori s’est jusqu’à présent refusé à toute déclaration sur son implication présumée.

Au nombre des noms cités, figurent également Stefano Bettarini (ex-Sampdoria Gênes), Mauro Bressan (ex-Fiorentina) et Antonio Bellavista (ancien capitaine de Bari).

Tout a commencé après la rencontre de Ligue Pro 1ère division Cremonese-Paganese (1-0) du 14 novembre 2010. Après le match, plusieurs joueurs de la Cremonese ont été hospitalisés pour des douleurs aigues au ventre.

Rapidement, les dirigeants ont eu des doutes et ont porté plainte déclenchant l’enquête qui a été menée par la police de Crémone (nord) en collaboration avec des unités d’investigations notamment à Rome, Naples et Turin.

"Matchs truqués, joueurs drogués", a écrit la Gazzetta, en évoquant cette rencontre indiquant que des joueurs de Cremonese auraient pris des hypnotiques. La police s’en est aperçue quand l’un d’eux, Gervasoni, a eu un accident de voiture après le match. Ses analyses de sang ont montré qu’il avait pris un somnifère.

L’enquête aurait ensuite découvert que le gardien de la Cremonese, Marco Paoloni, aurait drogué cinq de ses coéquipiers, qui se seraient sentis mal pendant le match.

C’est donc une nouvelle affaire qui vient éclabousser le football italien après le scandale du "calciopoli", qui avait éclaté il y a juste cinq ans suite à des révélations sur le choix par certains clubs d’arbitres "bienveillants".

Cette affaire avait provoqué le retrait de deux titres à la Juventus ainsi que sa relégation en deuxième division, et des retraits de points à l’AC Milan, la Lazio, la Fiorentina et la Reggina.

Auparavant, le "Totonero" (loto noir) avait coûté en 1980 trois ans de suspension à l’attaquant mythique de la Juve, Paolo Rossi, qui avait été par la suite blanchi pour le Mondial-1982, que l’Italie avait remporté.

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