Le beau-frère de l’ex-président Ben Ali ne partira pas de sitôt du Canada

Dix jours après son arrivée-surprise au Canada, à bord d’un avion privé, avec sa femme, leurs quatre enfants et une gouvernante, le milliardaire Belhassen Trabelsi, frère de Leila Trabelsi, épouse de Zine El-Abidine Ben Ali, est toujours libre et son extradition, réclamée par le gouvernement transitoire tunisien via un mandat d’arrêt international, pourrait prendre des années !

En visite au Maroc, la semaine dernière, le premier ministre, Stephen Harper, avait pourtant clairement indiqué que "les membres de l’ancien régime [tunisien] ne sont pas les bienvenus au Canada", pays qui fera "tout ce qui est en son pouvoir pour coopérer avec la communauté internationale" sur tout ce qui concerne les membres de l’ancien régime tunisien. Le ministre des affaires étrangères Lawrence Cannon a renchéri, ce week-end, affirmant "ne pas vouloir d’un criminel comme lui au Canada" et assurant qu’il donnerait suite à la demande d’extradition de la Tunisie.

Il y a toutefois loin de la coupe aux lèvres, l’affaire étant nettement plus compliquée qu’il n’y paraît. M. Trabelsi et sa famille disposent, en effet, d’un statut de résident permanent au Canada mais Ottawa a bien l’intention, a confirmé M. Cannon, de le lui retirer. Motif : le fait qu’il n’a pas respecté la condition première au maintien de ce statut, soit d’être présent au Canada au moins 730 jours sur une période de cinq ans.

M. Trabelsi peut toutefois contester le retrait de son statut de résident permanent, gagnant ainsi plusieurs mois, le temps que son appel soit entendu. "S’il a de l’argent et de la détermination, souligne même Leo Adler, professeur de droit à l’Université York, il peut facilement rester ici dix ans, voire plus."

M. Cannon a par ailleurs confirmé, samedi 29 janvier, une rumeur voulant que le milliardaire ait déposé une demande de statut de réfugié politique au Canada depuis son arrivée à Montréal. Même s’il "n’est pas le bienvenu au Canada", a répété le ministre, le pays doit respecter ses propres lois. "Cet individu, tout comme les membres de sa famille, a le droit d’utiliser la législation en vigueur pour aller devant les tribunaux et défendre sa cause", a-t-il ajouté.

Pour une demande de statut de réfugié, la procédure peut se prolonger plus de quatre ans, avec différents appels possibles.

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