Hosni Moubarak, qui est âgé de 85 ans, a quitté la prison de Tora, au sud du Caire, à bord d’un hélicoptère médicalisé. Il a été admis dans un hôpital militaire situé à proximité. La libération conditionnelle de Hosni Moubarak avait été acceptée mercredi par la justice, toutes les charges justifiant son maintien en détention ayant été levées.
Cette libération reste provisoire car, s’il comparaîtra libre, l’ex-président doit être rejugé avec d’autres caciques de son régime. En première instance, Moubarak avait été condamné à la prison à vie. Mais le changement de contexte, à la faveur du renversement du président Morsi, laisse craindre à ses opposants que le «pharaon» recouvre sa liberté pour de bon. Saluée par ses fidèles, encore nombreux, l’annonce a suscité le dépit et la colère de ceux qui se sont mobilisé en 2011 et pensaient que la page Moubarak était tournée.
Le mouvement du 6 avril, à l’origine de la révolution de janvier, a dénoncé cette libération qualifiée de «couronnement du déraillement de la révolution». Le Parti socialiste révolutionnaire a parlé d’une «contre-révolution», et accusé le général Abdel Fatah al-Sissi d’en être «le plus sanglant représentant». Ces deux groupes manifesteront cet après-midi devant la Haute Cour de justice de la capitale. Le mouvement Tamarod, qui a lancé la campagne de pétition contre Mohamed Morsi et soutient farouchement l’armée, a aussi critiqué la libération de Hosni Moubarak, arguant qu’il «ne doit pas y avoir de retour en arrière».
D’autres manifestations devraient se tenir aujourd’hui à l’initiative des Frères musulmans après une semaine noire pour la confrérie, marquée par un durcissement de la répression, des centaines de morts et 1 500 arrestations, dont la plupart des leaders. Mohamed Badie, le guide suprême des Frères, et ses deux principaux adjoints ont été interpellés cette semaine (lire Libération de mercredi) . Si une réunification du front révolutionnaire de janvier 2011 n’est pas d’actualité, le nouveau régime se trouve pour la première fois confronté à une opposition qui n’émane pas des seuls islamistes. Et la façon dont cette crise sera gérée pourrait être déterminante pour la suite de la transition politique.