Faute d’accord avec les partis de l’opposition, tout particulièrement Les Républicains (LR-Droite), qui l’ont soutenu lors du second tour de la présidentielle du 24 avril dernier, en vue de constituer une majorité absolue, le chef de l’État, ainsi que sa Première ministre, Elisabeth Borne, ont choisi une redistribution des portefeuilles entre les formations politiques composant la majorité présidentielle (Renaissance, Horizons, MoDem) en installant un « nouveau gouvernement d’action ».
Emmanuel Macron a décidé ainsi de mettre en place une équipe recentrée sur la majorité présidentielle, en donnant un peu plus de poids dans le deuxième gouvernement d’Élisabeth Borne aux autres composantes de sa majorité, et en faisant entrer plusieurs nouveaux ministres, parfois inconnus du grand public.
Le deuxième gouvernement d’Elisabeth Borne, annoncé deux semaines après le second tour du scrutin législatif du 19 juin, a ainsi été élargi considérablement, passant de 27 à 41 membres, mais sans ouverture ou élargissement sur les autres formations politiques de l’opposition.
A l’Assemblée nationale, où la coalition de gauche réunie sous la bannière de la Nupes (« Nouvelle Union populaire écologique et sociale – 131 sièges) et le Rassemblement national (RN 89 – sièges), qui ont signé des performances historiques, avec respectivement 131 et 89 députés, ainsi que LR (61 députés), le gouvernement va devoir négocier avec les autres groupes texte par texte pour faire voter ses projets de loi, à leur tête, le très attendu texte sur le pouvoir d’achat.
C’est ce qu’a indiqué lundi le nouveau porte-parole de l’Exécutif, au terme du premier conseil des ministres du nouveau gouvernement. ’’Nous allons travailler texte par texte pour construire des majorités », a expliqué Olivier Véran, lors d’un point de presse, alors que la cheffe du gouvernement doit prononcer son discours de politique générale, mercredi dans l’hémicycle.
Par la même occasion, M. Véran a expliqué que Mme Borne « ne sollicitera pas de vote de confiance », mercredi à l’Assemblée nationale. « Nous ne sommes pas certain que les conditions de cette confiance auraient été réunies », a-t-il déclaré.
Les oppositions réclament cette question de confiance, qui demeure risquée sans majorité absolue. Car les députés ayant accédé au gouvernement font perdre au camp présidentiel des voix en cas de vote, d’autant plus que leurs suppléants ne peuvent siéger au Palais Bourbon qu’au terme d’un délai d’un mois.
Le nouveau casting gouvernemental a été critiqué par les oppositions, qui ont dénoncé un simple « jeu de chaises musicales » de l’équipe Borne II, du fait que le chef de l’État a maintenu dans leurs postes ses principaux poids lourds, dont les ministres de l’Économie, de l’Intérieur, des Affaires étrangères, des Armées, de l’Agriculture et de l’Éducation nationale, alors que d’autres ministres ont changé de portefeuille.
Marine Le Pen, cheffe de file du RN, a dénoncé un gouvernement où « ceux qui ont échoué sont tous reconduits », tandis que le leader de la France Insoumise, Jean Luc Mélenchon, a qualifié la nouvelle équipe gouvernemental de “gouvernement de fait », “battu aux élections et maintenu par la seule faveur du prince”.
Et comme annoncé par l’Elysée, les trois ministres battues lors des législatives ont été écartées.
Dans la nouvelle configuration, Emmanuel Macron a fait également recours à des ministres de son premier quinquennat, mais qui n’ont pas été retenus au sein du gouvernement “Borne 1”.
Dans un contexte politique défavorable pour le chef de l’État, du fait de la perte de sa majorité absolue à l’Assemblée nationale, et une situation économique tendue sous l’effet d’une inflation galopante, induite notamment par le conflit russo-ukrainien, le deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron s’annonce compliqué, le gouvernement étant contraint à chaque fois de négocier les soutiens au parlement, face à une opposition déterminée à ne pas lâcher prise.