Jusque là considéré comme "zone interdite", son village de l’ouest russe, Starye Bobovitchi, que les habitants ont refusé d’évacuer, a vu son niveau de radioactivité abaissé par décret présidentiel.
Conséquence pour sa population: l’aide financière de l’Etat, qui consiste en subventions pour les frais médicaux, en séjours en sanatoriums pour les enfants ou encore en programmes sociaux-économiques, va baisser drastiquement.
Pourtant, le niveau de radioactivité de la zone n’a que légèrement diminué depuis l’explosion de Tchernobyl, le 26 avril 1986, assure Alexeï Kisselev et Rachid Alimov, spécialistes de la radioactivité pour l’ONG Greenpeace.
Dosimètres à la main, ils mesurent le niveau des particules radioactives présentes sur la place principale du village. "1,7 microsieverts par heure (mkSv/h)… C’est plus de trente fois la dose maximale recommandée", s’étonne Rachid. "Il faudrait mieux ne pas s’attarder. Dire que des gens habitent ici", soupire Alexeï.
Au total, sur les 4.413 localités russes touchées par les répercussions de Tchernobyl, 383 verront dès juillet leurs subventions baisser comme Starye Bobovitchi et 558 ont été tout simplement radiées de la liste.
"Avec ce décret, l’Etat refuse de reconnaître qu’il faut 2.000 ans et non pas 30 ans pour décontaminer une zone", dénonce Anton Korsakov, biologiste et spécialiste des conséquences de Tchernobyl sur la région de Briansk.
"Même si nous réussissons à la décontaminer, il faudra plusieurs générations avant que des enfants naissent sains", souligne-t-il, rappelant que le taux de mortalité infantile dans la région est cinq fois supérieur à la moyenne nationale.
Et lorsqu’ils survivent, 80% des enfants développent une ou plusieurs maladies chroniques, selon les statistiques officielles citées par le spécialiste.