John Bolton a par ailleurs prévenu, devant la presse à Jérusalem, que les Etats-Unis répliqueraient "très fortement" si le régime syrien se servait d’armes chimiques dans le cadre d’une offensive pour reprendre la province d’Idleb (nord).
M. Bolton a achevé mercredi trois jours d’entretiens avec les responsables israéliens, grands amis des Etats-Unis, alors que sous M. Trump l’alliance est "plus forte qu’elle ne l’a jamais été" selon le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Les activités nucléaires de l’Iran, bête noire commune, ont constitué le "sujet prédominant", a dit M. Bolton.
M. Netanyahu a applaudi à la décision de M. Trump de dénoncer, malgré la réprobation des autres grandes puissances, l’accord conclu en 2015 pour tenir l’Iran à distance de l’arme nucléaire. Il a de même salué le retour en août de sévères sanctions américaines contre la République islamique.
De nouvelles mesures coercitives sont attendues en novembre. Elles risquent de durement affecter une économie déjà à la peine puisqu’elles viseront les hydrocarbures de ce pays grand producteur.
L’objectif est de "réduire à zéro" les exportations iraniennes, a dit M. Bolton.
"Effet profondément négatif"
Plusieurs villes iraniennes ont été récemment le théâtre de manifestations et de grèves exprimant l’inquiétude devant la dégradation économique et la colère envers le système.
"Pour être clairs, la politique américaine n’est pas à un changement de régime en Iran, mais ce que nous voulons est un changement radical de comportement de la part du régime", a argué John Bolton.
Les manifestations ne résultent pas d’un "complot, a-t-il dit. Ce sont juste des gens ordinaires qui disent qu’ils en ont assez du gouvernement."
M. Bolton les attribue à la mauvaise gestion de longue date de l’économie par le régime, dont l’accord nucléaire de 2015 a selon lui "atténué" les effets en allégeant les sanctions.
En dénonçant l’accord, l’administration Trump a "fait retomber le marteau" sur l’Iran. "Nous avons vu un effet profondément négatif sur l’Iran, je crois même plus sévère que nous ne l’aurions prédit", a dit le haut responsable.
La nomination de M. Bolton à la sécurité nationale au printemps a été vue par beaucoup comme l’aveu d’une stratégie dont l’objectif final serait la chute du régime iranien. John Bolton s’y est dit favorable par le passé, et les déclarations de M. Trump lui-même ont alimenté les spéculations.
"Acte légitime"
Cependant, les Etats-Unis sont prêts à un accord avec Téhéran, a assuré le conseiller du président américain.
Mais si la République islamique ne se conforme pas aux exigences américaines, Washington exercera une "pression maximale sur l’Iran pour signifier clairement qu’ils n’obtiendront jamais d’armes nucléaires opérationnelles".
M. Bolton a dénoncé les activités "belliqueuses" de l’Iran dans toute la région, et sa présence en Syrie, voisine d’Israël, en soutien du régime du président Bachar al-Assad.
Il a indiqué qu’il discuterait jeudi à Genève avec le secrétaire général du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, des moyens de faire en sorte que les Iraniens quittent la Syrie.
Selon John Bolton, le président Vladimir Poutine a dit aux officiels américains, y compris lui-même, que les intérêts de Moscou et de Téhéran en Syrie "ne coïncidaient pas et qu’il serait satisfait de voir les forces iraniennes se faire toutes renvoyer vers l’Iran".
"Mais il a dit ne pouvoir le faire lui-même. Donc l’idée, c’est que, peut-être, des efforts conjoints américains et russes suffiraient", a avancé M. Bolton.
Selon lui, Israël a systématiquement frappé des convois iraniens de missiles et d’armes en Syrie, ce qu’il considère comme "un acte légitime d’autodéfense".
M. Bolton a par ailleurs prévenu que les Etats-Unis "réagiront très fortement" si Damas employait des armes chimiques à Idleb, tout en espérant que de précédentes frappes américaines contre le régime syrien auraient un effet dissuasif.
Après sept années de guerre, Bachar al-Assad veut reprendre le contrôle d’Idleb, à la frontière avec la Turquie, la dernière à être encore largement dominée par des rebelles et jihadistes.