Décès du journaliste Mohamed Tamalt : « Alger en 2016 ressemble à un scénario de film d’horreur » (Le Point Afrique)

"Alger en 2016 ressemble à un scénario de film d’horreur", écrit lundi le site français "Le Point Afrique" dans un article sur le décès du journaliste et blogueur algérien, Mohamed Tamalt, survenu dimanche dans un hôpital algérois après une grève de la faim.

"Dans l’Algérie de 2016, on peut donc désormais mourir pour un délit d’opinion envers le régime", estime la publication, rappelant que ce journaliste avait osé écrire certaines phrases sur le régime et le clan qui dirige l’Algérie et avait "propagé sur Facebook des mots qui l’ont mené au cimetière".

Mohamed Talmat, 42 ans, est mort de sa profession dans une prison algérienne, poursuit l’auteur de l’article, qui ironise en qualifiant ce décès d’une première et d’un succès que le régime algérien peut s’attribuer.

"Peu lui importera les communiqués de RSF, de Human Rights Watch et autres officines vilipendées dans les sphères du pouvoir. Peu importe, le pouvoir demeure stable. Voire figé. Voire Hibernatus. Congelé", fait remarquer le site français, notant que ce régime est mis au freezer du développement, de l’épanouissement et des libertés.

"Le pays est en stand-by. Il attend une éventuelle part des anges", indique la publication, rappelant que confronté à l’effondrement du prix du pétrole, ce pays si riche en hydrocarbures se réveille pauvre.

Sans business plan alternatif, 90 pc des recettes de l’État proviennent de l’or noir et autres gaz, rappelle le site, précisant que l’afflux de ces richesses sur les marchés en a divisé le prix par deux.

"Les dirigeants algériens, en choisissant de laisser mourir un journaliste dans une prison, un acte volontaire, ont pris en main leur destin. Celui d’une grande nation gouvernée par quelques clans, des industriels de la corruption", croit savoir l’auteur de l’article, affirmant qu’au nom d’une guerre civile atroce qui a tué plus de cent mille Algériens dans les années 90, des politiques se gavent sur le dos du peuple.

En acceptant qu’un journaliste se sacrifie dans une prison, en refusant eau et nourriture, le régime a préféré casser le thermomètre, estime-t-il, faisant observer que les réactions outrées internationales ne sont rien face au peuple algérien las d’écouter l’opérette autoritaire depuis 1999.

"La mort d’un journaliste ne changera rien à la situation. Elle l’aggravera un peu plus encore", soutient-il, relevant que cet assassinat est une tache indélébile.

Mohamed Tamalt est décédé dans un hôpital d’Alger où il avait été transféré après la détérioration de son état de santé, suite à une grève de la faim qu’il avait observé depuis le 27 juin pour protester contre les conditions de sa détention.

Arrêté le 17 juin dernier, le journaliste a été condamné, le 4 juillet, à une peine de deux ans de prison ferme assortie d’une amende de 200.000 dinars. Il était poursuivi pour "outrage à corps constitué" et "atteinte aux personnalités de l’État", suite à des articles publiés sur les réseaux sociaux. Sa libération sous caution a été rejetée, ses avocats s’étant retirés de l’audience en signe de protestation contre ce qu’ils ont qualifié de "détention arbitraire".

MAP

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