Des hommes armés ont ensuite fait exploser une succursale de la banque First Bank PLC et attaqué au moins trois postes de police et une église, provoquant des dégâts très importants. Les violences ont continué dans la nuit de vendredi à samedi et les assaillants ont effectué un raid dans le village de Potiskum, près de Damaturu, faisant au moins deux morts, selon des témoins.
Samedi matin, les habitants ont commencé, avec hésitation, à sortir de leurs maisons, découvrant les dégâts, notamment des véhicules de l’armée et de la police brûlés, avec les corps calcinés des conducteurs morts sur leurs sièges. Ces attaques faisaient suite à d’autres qui ont eu lieu à Maiduguri, une ville située à environ 130 kilomètres à l’est.
Un porte-parole de la secte islamiste Boko Haram, Abul-Qaqa, a revendiqué ces attentats dans un appel au "Daily Trust", journal de référence dans le nord musulman du Nigeria. "Nous continuerons à attaquer les représentations du gouvernement fédéral jusqu’à ce que les forces de sécurité cessent leurs exactions contre nos militants et les civils vulnérables", a affirmé le porte-parole.
Pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 160 millions d’habitants, le Nigeria (ouest), est en proie à de fortes tensions religieuses et ethniques. Le pays est profondément divisé entre le Sud majoritairement chrétien et le Nord musulman, où une dizaine d’Etats appliquent la charia, la loi islamique.
Boko Haram, dont le nom signifie "l’éducation occidentale est un sacrilège" en langue haoussa parlée dans le nord du pays, veut instaurer un Etat islamique au Nigeria. Le mouvement a notamment revendiqué la responsabilité d’un attentat à la voiture piégée devant le siège des Nations unies dans la capitale Abuja le 26 août, qui a fait 24 morts et 116 blessés.
Boko Haram s’est fait connaître au plan national en 2009, quand ses militants ont brûlé des postes de police près de son fief de Maiduguri, dans le nord-est du pays. L’armée nigériane a violemment répliqué et les combats ont fait quelque 700 morts. Boko Haram s’est apparemment scindé en trois factions, ce qui accroît le danger pour le Nigeria, a expliqué à l’Associated Press un diplomate qui a requis l’anonymat.
Deux des factions sont prêtes à un accord avec le gouvernement, mais la troisième refuse de négocier. Les membres de cette faction sont en contact avec Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et probablement avec les militants islamistes somaliens d’Al Shabab, ajoute le diplomate.