A l’occasion de son procès, entré dans sa deuxième semaine, l’accusé a affirmé qu’il n’aurait jamais fait l’objet d’une seule expertise psychiatrique s’il avait été un "djihadiste barbu". "Mais parce que je suis un militant nationaliste, je suis soumis à un grave racisme. Ils essaient de délégitimer tout ce que je défends".
S’il reconnaît être l’auteur de l’attentat d’Oslo et la tuerie d’Utoya qui a suivi le 22 juillet dernier, Anders Breivik a plaidé non coupable et soutient avoir agi en état de légitime défense pour mettre fin au "multiculturalisme" du gouvernement travailliste norvégien et stopper une prétendue invasion musulmane en Europe. Il encourt 21 ans de prison ou la détention jusqu’à ce qu’il ne représente plus de danger pour la société. Sa défense elle-même reconnaît qu’il est impossible de l’acquitter.
La question est donc de savoir s’il doit être jugé pénalement responsable de ces actes. Dans le cas contraire, il pourrait être interné en service psychiatrique. Deux expertises ont abouti à des résultats contradictoires mais lui se dit sain d’esprit. Dans un communiqué adressé à la cour, le Conseil norvégien de médecine légale a demandé de plus amples informations aux deux psychiatres qui ont jugé qu’il n’était pas fou, soulignant que leur rapport était incomplet.
"Je sais que je risque de finir dans un asile psychiatrique, et je veux faire tout ce que je peux pour éviter ça", a déclaré l’accusé, âgé de 33 ans, lundi à la cour.
Anders Breivik s’est en revanche montré sur la défensive lorsque l’accusation l’a interrogé sur son manifeste de 1.500 pages, mis en ligne avant les attaques. Il décrit les uniformes, médailles et codes de conduite des "Chevaliers du Temple", une organisation à laquelle il affirme appartenir mais dont l’accusation conteste l’existence.
Dans un passage, lu par le procureur Svein Holden, Breivik souligne que dans une future société, la loyauté des chevaliers potentiels pourrait être mise à l’épreuve en leur demandant de subir une amputation et une castration chirurgicale. L’accusé a déploré des "coups bas", estimant que l’extrait avait été retiré de son contexte.
Comme les jours précédents depuis l’ouverture de son procès il y a une semaine, l’extrémiste n’a exprimé aucun remords. Qualifiant la tuerie d’Utoya de "nécessaire", il a comparé la douleur causée aux familles de ses victimes à sa propre situation, lui-même ayant été rejeté par ses proches. "La seule différence, c’est que dans mon cas c’était un choix", a-t-il lancé.