Abdellah Boussouf met l’accent sur les fondements de l’exception marocaine du vivre-ensemble

Invité de l’émission de débat "Moubachara maakoum", diffusée mercredi 27 mars sur la chaîne 2M, M. Abdellah Boussouf, historien et Secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), a mis en exergue la spécificité du modèle marocain de religiosité et l’importance symbolique de la visite du Pape François au Maroc, prévue les 30 et 31 mars courant.

Cette visite, selon M. Boussouf, réunira la référence spirituelle des Chrétiens et l’institution de la Commanderie des croyants qui n’est pas uniquement la référence spirituelle des musulmans qu’ils soient au Maroc, en Afrique, en Europe ou ailleurs, mais des Chrétiens et Juifs aussi, comme l’avait souligné le roi Mohammed VI lors de sa visite d’Etat à Madagascar.

" Nous avons besoin d’une gouvernance religieuse efficace dans des sociétés traversées en profondeur par les crispations et la violence, le monde attend de la sagesse dans les orientations de ces deux pôles spirituelles", a relevé M. Boussouf pour qui recevoir le Pape en terre musulmane est "en soi un message de paix pour dire au monde que les religions sont un trait d’union entre les populations et non une source de conflits".

En ce qui concerne le modèle marocain de religiosité, "l’on peut considérer que le Maroc est unique du point de vue de son cumul historique en ce qui concerne le dialogue des civilisations".

"Depuis 9 siècles, les Chrétiens jouissent de la liberté d’exercer leur culte au Maroc, le même traitement a été réservé à la religion hébraïque", a rappelé M. Boussouf, ajoutant que "quand la Constitution a défini la personnalité marocaine par ses différents affluents, elle a surtout consacré la réalité historique qui a fait du marocain d’aujourd’hui un élément de paix qui se distingue par son ouverture puisqu’il porte en lui tous ces éléments".

Ce modèle marocain est "sans doute vivant et n’est pas juste théorique, il a prouvé son efficacité pratique à travers l’histoire et peut à travers son expertise être une référence pour le monde car il a permis, ici au Maroc, de dépasser la coexistence pour réaliser la fraternité.

Le dogme ashaarite, le rite malekite et le soufisme sunnite sont les fondements de la religiosité marocaine. Ces trois assises permettent aux musulmans de préserver le respect pour les autres religions, a-t-il dit. "Pendant la période coloniale, les leaders spirituels des religions monothéistes se rencontraient à Toumliline pour discuter de l’avenir du pays, c’est dire que les religions se sont toujours concertées en cette terre", a souligné M. Boussouf.

Le Secrétaire général du CCME a également insisté sur les valeurs à promouvoir auprès des nouvelles générations afin de préserver cette entente et ce dialogue interreligieux, à savoir la citoyenneté et la prévalence de la dimension humaine.

Ces valeurs sont essentielles pour faire face au terrorisme, qui n’a ni religion ni nationalité, et à la montée de l’extrémisme politique qui s’attaque en première ligne à la migration qui est une vraie valeur ajoutée mais qui continue à faire des milliers de morts tous les ans, a-t-il poursuivi.

"Ces questions doivent donc être interprétées à travers le prisme de l’humanité car le futur ne se fera sûrement pas sans le respect de son prochain", a-t-il noté.

M. Boussouf a mis en avant la valeur de la citoyenneté, une notion qui unit les populations sous la même bannière, avec les mêmes obligations et les mêmes droits : feu Mohammed V avait protégé les Juifs du royaume des forces d’occupation françaises de Vichy, "il n’y a pas de Juifs au Maroc, seulement des citoyens", avait-il déclaré.

Quant à la leçon à retenir de la visite du Pape François, M. Boussouf a affirme que "c’est indéniablement l’espoir". "L’espoir d’un monde meilleur pour toutes les religions, tous les humains !".

MM. David Toledano, Président de la communauté hébraïque de Rabat, le père Marc Boucrot, Secretaire général des Ecoles catholiques du Maroc (ECAM) et Mustapha Bouhandi, professeur des religions comparées à l’université Hassan II de Casablanca ont également été invités à ce débat.

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