"L’annonce du retrait américain (de Syrie) a rebattu les cartes et créé de nouvelles configurations dans la région. Nul ne sait encore quel arrangement en sortira", relève Florence Parly dans une tribune au quotidien Le Parisien.
"Notre devoir est de tout faire pour éviter que les FDS en soient les victimes", ajoute-t-elle en référence aux Forces démocratiques syriennes, alliance locale à dominante kurde qui combat l’EI avec l’appui aérien de la coalition internationale sous commandement américain.
Les jihadistes sont désormais assiégés dans un quartier d’un demi-kilomètre carré, dans le village de Baghouz, près de la frontière irakienne.
Mais une fois la victoire acquise et le retrait américain effectif, les Kurdes seront sous la menace directe d’une intervention turque dans le nord-est du pays, à moins qu’ils négocient avec Damas un retour sous le giron du régime syrien.
"Nos partenaires de terrain, les FDS, ont beaucoup donné. Nous leur devons énormément", insiste la ministre des Armées, alors que les conséquences du retrait américain sur les Kurdes sont très loin d’être réglées.
Le Pentagone a demandé à ses alliés de constituer une "force d’observateurs" dans le nord-est du pays pour garantir la sécurité des alliés kurdes, menacés par Ankara.
Mais la proposition a reçu une fin de non-recevoir lors d’une réunion de la coalition à Munich vendredi. "La position entre membres de la coalition est très consensuelle pour dire non", a confié à l’AFP une source gouvernementale française, en déplorant une "politique du fait accompli" de la part de Washington.
"La solution par défaut, c’est un accord entre le régime syrien et les Kurdes. Mais cela ne se fera pas forcément, Damas veut récupérer sa souveraineté. D’où l’importance des Russes dans le jeu", commente cette source, en soulignant que pour Paris, "le sort du Rojava (territoires semi autonomes kurdes en Syrie, NDLR) doit s’inscrire dans un règlement politique" incluant la Turquie.
Dans sa tribune, la ministre française met aussi en garde contre tout rapprochement avec Damas, alors que le président Bachar al-Assad, appuyé par la Russie et l’Iran, a repris le contrôle d’une grande partie de la Syrie après huit ans de guerre civile.
"L’expérience nous a enseigné la duplicité du régime syrien; ceux qui veulent renouer avec lui pour se protéger risquent d’avoir le reniement pour tout salaire", estime la ministre.