Note économique hebdomadaire
Economie américaine : Dans l’attente d’une confirmation de la reprise …
Les économistes attendent maintenant la publication cette semaine du PIB américain pour le premier trimestre (1ère estimation). Rappelons que le PIB au 4ème trimestre 2009 avait bondi de 5,6%, en rythme annuel traduisant les effets du plan de relance américain et la fin du déstockage.
Enfin, les économistes et les analystes vont se polariser sur la prochaine réunion du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), qui se tiendra les 27 et 28 avril. Les termes des « minutes » du FOMC vont être soigneusement décryptés.
Sur le front des statistiques économiques américaines cette semaine, relevons que :
Le marché du travail enregistre une nouvelle hausse des inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine du 10 avril à 484 000 contre 460 000 (confirmé) la semaine précédente (+44 000, supérieures aux attentes, après une augmentation de 24 000 la semaine précédente).
L’indicateur ECRI du climat des affaires continue de se tasser, la hausse s’établissant à 12,5% contre 12,7% la semaine dernière. L’indicateur est cependant globalement en ligne avec les attentes, traduisant le redressement attendu de l’économie américaine cette année.
Les commandes de bien durables aux Etats-Unis enregistrent un recul inattendu au mois de mars, avec un recul de 1,3% (contre une hausse de 1,1% en février), imputable notamment à une contraction dans le secteur des transports (-12,9% par rapport à février).
Les prix à la production sont supérieurs aux attentes en mars, l’indice PPI gagnant 0,7% sur un mois (contre +0,4%E) et +6% sur un an. Hors alimentation et énergie, le PPI enregistre une hausse limitée de 0,1%, conforme aux prévisions.
Les ventes de logements neufs aux Etats-Unis bondissent de 26,9% en mars, enregistrant leur plus forte progression depuis 5 ans. Les ventes de logements anciens augmentent quant à elles de 6,8% à 5,35 millions d’unités, supérieures aux attentes.
Les marchés boursiers sont toujours orientés à la hausse, le Dow Jones enregistrant un gain sur la semaine de 1,7% et le Nasdaq de près de 1,7%.
ZONE EURO : REGAIN DE DEFIANCE A L’EGARD DE LA GRECE
On croyait la crise grecque enfin réglée. Las, les espoirs auront été rapidement douchés. La suspicion à l’égard des finances publiques grecques resurgit de plus belle. L’imprécision des plans d’assistance financière de l’UEM et du FMI a provoqué un regain de défiance des marchés, qui s’étonnent des taux consentis par la France (prêt bilatéral sur 3 ans avec un taux d’intérêt de 5,0%, à comparer à un refinancement à 1,51% pour cette maturité…), de l’absence de calendrier et de la longueur des discussions entre les parties prenantes. Aucune décision n’est ressortie de la réunion d’Athènes du mercredi 21 avril entre les représentants du gouvernement grec, de la Commission Européenne, de la BCE et du FMI. Et les opérateurs ont eu la surprise d’apprendre que ces entretiens pourraient durer jusqu’au 15 mai. Enfin, Eurostat a révisé à la hausse son estimation de déficit budgétaire de la Grèce à 13,6% du PIB 2009 contre 12,7% précédemment, prévision qui pourrait se creuser et émettant de plus des réserves « sur la qualité des données communiquées par la Grèce ». Rappelons que la Grèce s’est engagée à réduire de 4% son déficit public dès cette année pour le ramener à 8,7% du PIB… Ces inquiétudes se sont logiquement traduites par une forte tension sur les rendements obligataires grecs, le rendement 10 ans grimpant de 7,14% le 15 avril à 8,19% le 21 avril, pour culminer à 8,80% le 22 avril, soit un niveau très proche de son pic historique d’octobre 1998 (8,84%). Cette crise de confiance risque maintenant de gagner les autres pays de la zone euro rencontrant des difficultés, à l’exemple du Portugal qui enregistre une hausse sensible de ses rendements obligataires…
Dans ce contexte, la publication de statistiques encourageantes pour la zone euro, l’indice PMI du secteur manufacturier progressant à 57,5 (contre 56,6), soit son plus haut niveau depuis juin 2006 et l’indice des services montant à 55,5 (contre 54,1) traduisant une accélération de son rythme, est passée relativement inaperçue.
Plus que jamais la confiance ne se décrète pas, et il faudra du temps et des mesures concrètes pour que le calme revienne sur le marché obligataire.
Didier Lacaze, analyste financier SFAF