Il est vrai qu’à première vue, c’est la disparition de DSK du radar de la présidentielle qui avait permis à la base l’éclosion et la confirmation de deux vocations respectives, celle de Martine Aubry et François Hollande. Un Dominique Strauss-Kahn qui ne serait pas passé par la case du Sofitel et l’affaire Nafissatou Diallo, aurait certainement continué à faire de Martine Aubry une simple attachée de campagne, organisatrice de meetings, et de François Hollande un animateur de tréteaux, chauffeur de salle.
Au lieu de cela, les deux icônes socialistes on brusquement grimpé dans l’échelle d’estime des français. Martine Aubry avait cassé sa coquille et conjuré une tradition familiale maudite par les hésitations et François Hollande est sorti, péniblement certes, de la posture du roi du calembour, de la formule qui tue et des traits d’humour de fin de banquet pour incarner l’espoir des socialistes.
Alors que les primaires prenaient tranquillement leur chemin pour aboutir au sacre du meilleur compétiteur à gauche, les différents rebondissements de l’affaire DSK sont venus compliquer la situation et lui donner une dimension dramatique.
D’abord François Hollande. Alors qu’il était un des premiers à proposer un report du calendrier des primaires pour permettre un éventuel de retour de DSK, l’ex compagne de Ségolène Royal subit de plein fouet les effets de la décision de Tristane Banon, journaliste et écrivaine, de porter plainte en France contre DSK pour tentative de viol. Le nom de François Hollande a été jeté en pâture dans cette affaire.
Quel rôle a-t-il réellement joué dans cette affaire? Quel conseil a-t-il tellement prodigué à Tristane Banon et à sa mère Anne Mansouret. Anne Mansouret est une des notables du PS en haute Normandie e ex épouse du franco-marocain homme d’affaire Gabriel Banon et qui se trouve être l’ex-beau père de Pierre Lellouche, actuel Secrétaire d’Etat du Commerce extérieur dans le gouvernement de François Fillon. François Hollande a beau arborer son regard le plus incrédules devant les cameras et formuler les interrogations les plus amnésiques, de nombreuses zones d’ombre persistent et nourrissent toutes les interrogations.
Ensuite Martine Aubry. A peine était-elle difficilement sortie de sa phase d’hésitation de celle qui marche à reculons vers son destin présidentiel, que les retournements de situation de l’affaire DSK viennent souligner ses balbutiements. Pendant que l’ensemble du Gotha socialiste s’interrogeait sur la place et le rôle de DSK dans cette campagne, Martine Aubry eut son grand moment de spleen, confirmant par la même occasion son manque de désir et de combativité pour la bataille des présidentielles. Même si elle n’a pas dit expressément :" S’il revient, je lui cède la place", tout dans sa communication, sa manières de mettre des mots sur des non dits suggérait une telle éventualité. Martine Aubry y a sans doute perdu en crédibilité, laissé quelques plumes et donné le visage d’une femme qui peine à aller jusqu’au bout.
François Hollande qui vient d’être adoubé par la patron du groupe parlementaire PS Le nantais Jean Marc Ayrault et Martine Aubry qui vient de recevoir le soutien empoisonné de Jean Noël Guérini le président contesté du Conseil général des Bouches-du-Rhône ont certes gagné en ascension et en visibilité médiatique après la chute de DSK. Les multiples rebondissements de cette affaire et ses répercussions en France ont de fortes chances de faire fondre ce capital sur lequel les deux candidats comptaient miser pour tenir la dragée haute à l’adversité, en y introduisant le doute sur la sincérité et la bonne foi de l’un et sur la capacité et la crédibilité de l’autre.