C’est que Jean louis Borloo, President du Parti Radical et icône émergente de la nouvelle confédération des centres, est allé dans ses déclarations au plus proche de l’acte de candidature, en terme de préparation psychologique, de détermination, d’auto-conditionnement sans oser franchir la ligne de non retour. Le prétexte à cette grande valse d’hésitation organisée, un problème d’agenda dont Jean Louis Borloo voudrait maitriser le tempo et le déroulé.
Jean Louis Borloo trouve le moyen de de faire de grande annonce sans que cela porte à conséquence . Il pense à se presenter mais n’a pas encore pris la grande décisions :" Cela fait des années que je me prépare à cette éventualité et j’ai le sentiment que c’est le moment, que la présidentielle va se gagner au profit de celui ou celle qui anticipe mieux les évolutions de la société française et qui va correspondre à ses attentes".
Tout dans la démarche de Jean Louis suinte la menace qui précède généralement le grand marchandage politique. Lorsqu’il avait été obligé de quitter le gouvernement suite à sa mémorable déception de ne pas avoir obtenu le poste de Premier ministre, Jean Louis Borloo était dans un état d’esprit de rupture avec la majorité présidentielle. Malgré les nombreuse tentatives de Nicolas Sarkozy de le retenir, il quitte l’UMP que dirige Jean François Copé et se projette comme l’incarnation de la sensibilité centriste depuis que les deux célèbres icônes centristes que sont François Bayrou et Hervé Morin se sont politiquement cramés au contact de Nicolas Sarkozy. Le premier dans une opposition frontale et tranchée, le second dans une compromission déçue.
Pendant de longues semaines, Jean Louis Borloo était le cauchemar vivant de Nicolas Sarkozy dont la stratégie était d’annihiler toute candidature présidentielle à droite. L’analyse de l’époque était que face au bulldozer de la gauche, champion de tous les sondages qu’était alors Dominique Strauss-Kahn, Nicolas Sarkozy ne pouvait imaginer une concurrence frontale à droite. La dispersion des voix risquait de lui être fatale. La marche du second tour est vite ratée. L’exemple du socialiste Lionel Jospin éliminé dès le premier tour en 2002 pour cause d’inattention printanière des électeurs de gauche est encore frais dans toutes les mémoires.
Aujourd’hui la donne a radicalement changé. L’opposition socialiste tiraillée entre les ambitions de trois grands ennemis intimes que sont Martine Aubry, François Hollande et Ségolène Royal, ne représente plus ce danger insurmontable. Mais cela n’a pas empêché des hommes de droite comme Jean Francois Copé et le ministre du travail Xavier Bertrand dénoncer l’esprit de désunion qu’une candidature de Jean Louis Borloo implique.
Par instinct ou par expérience Nicolas Sarkozy fait partie de ceux qui pensent que Jean Louis Borloo ne franchira jamais le rubicon de l’acte de candidature. Sans doute pense-t-il comme beaucoup que les gesticulations de Jean Louis Borloo sont plus le fruit d’une amertume à l’encontre de François Fillon qui lui a barré la route de Matignon que contre Nicolas Sarkozy qui lui promet monts et merveilles en cas de réélection. si cette analyse se confirme, Jean Louis Borloo se livrerait à un exercice classique en politique, celui de faire monter les enchères pour mieux négocier les les allégeances. Les amis de Jean Louis Borloo continuent de souffler le chaud et le froid. Comme pour mieux souligner la détermination de l’ancien ministre de l’écologie, Dominique Paillé, un des ses conseillers, écrit à propos de son état d’esprit: " c’est l’expression d’une volonté que rien n’arrêtera".