Rassemblement à Paris contre les arrestations et les intimidations des militants des droits de l’Homme et des syndicalistes en Algérie
Rassemblés à l’appel de plusieurs ONG algériennes, dont l’association "Agir pour le changement et la démocratie" (ACDA), le forum "Vérité et Justice pour l’Algérie" (VJPA), et du Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), les manifestants ont notamment appelé à la libération "immédiate et inconditionnelle" du défenseur des droits humains algérien Mohamed Smaïn.
M. Smaïn (70 ans), ancien Vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), a été arrêté le 19 juin pour avoir dénoncé des cas de torture et de disparitions forcées perpétrés par des milices d’auto-défense de la wilaya de Relizane, créée et armée par le pouvoir durant la décennie noire (90).
L’arrestation de M. Smaïn, qui souffre de problèmes cardiaques et d’un cancer de la prostate, a suscité un élan de mobilisation de la part de plusieurs organisations humanitaires internationales, dont la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et la Ligue des Droits de l’Homme (LDH).
Durant ce rassemblement, les manifestants brandissaient des banderoles appelant au changement et à la démocratie en Algérie, dénonçant également les arrestations et les intimidations dans les rangs des militants des droits humains et des syndicalistes.
Ils ont aussi réclamé l’ouverture d’un dialogue de la part des autorités avec les greffiers qui observent une grève de la faim depuis plusieurs jours.
"La machine répressive du régime s’emballe. Pas un jour ne passe sans nous apprendre de nouvelles arrestations et intimidations des militants et défenseurs des droits humains", ont-ils déploré.
Ils ont aussi fustigé "les pseudo-réformes imposées" par le régime "sans aucune forme de concertation crédible et plurielle, ni de volonté d’ouverture démocratique". Selon eux, ces pseudo-réformes ont "fini par achever tout espoir dans la capacité de ce régime à se réformer lui-même et qui ont consacré l’encadrement administratif et autoritaire de la société dans tous les domaines".
Ainsi, après des élections législatives "qui n’ont suscité aucune adhésion populaire remarquée", aujourd’hui le pouvoir tente de mener à son terme "la normalisation autoritaire de la société, en s’attaquant aux militants des droits de l’Homme et aux syndicalistes pour les isoler de la société et pour empêcher l’émergence de toute alternative politique démocratique".
Ils ont, par ailleurs, dénoncé l’utilisation par le régime de l’appareil judiciaire, censé être indépendant et impartial, dans "sa politique de harcèlement et d’intimidation contre des militants actifs de la société civile".
Alors que le pouvoir, présente sur sa façade internationale un "bilan positif" en matière de libertés fondamentales, il "s’acharne à étouffer toutes protestations pacifiques, en réprimant sur le terrain les actions de contestation non violentes qui ne relèvent que des droits reconnus par la Constitution et par les conventions internationales ratifiées par l’Algérie sur la liberté d’expression et de réunion".
Les militants ayant pris la parole ont appelé à la mobilisation de toutes les organisations politiques, associatives, et des droits de l’Homme pour exprimer leur solidarité et leur condamnation de ces attaques répétées contre les syndicalistes autonomes, les militants et défenseurs des droits humains en Algérie.
A l’issue de ce rassemblement, les manifestants se sont donnés rendez-vous pour célébrer le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie (5 juillet), "dans la dignité et dans l’esprit du combat des moudjahidines", mais avec beaucoup de regrets de constater que leur pays souffre toujours de "répression", cinquante ans après.
Plusieurs autres organisations ont pris part à ce rassemblement, dont le Collectif des Jeunes Algériens en France (COJAF), le Front du changement national (FCN), la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH), le Mouvement des jeunes indépendants pour le changement (MJIC) et l’Union des étudiants algériens de France (UEAF).
Plusieurs associations et partis politiques maghrébins et français, dont le Parti communiste français (PCF) et le Parti de Gauche (PG) ont soutenu cette manifestation.