Angoisses et interrogations en France à une semaine des législatives !

Bien malin celui qui pourra dire qui sera en capacité de gouverner la France le 8 juillet prochain, au lendemain du second tour des élections législatives anticipés décidées par le président Emmanuel Macron après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale. Bien malin aussi celui qui pourra dire quelle sera la politique étrangère de la France, seule puissance nucléaire de l’Union européenne, membre permanent du Conseil de sécurité, à l’égard de son environnement européen , méditerranéen, africain et arabe, si l’extrême droite venait à s’emparer  du pouvoir.

Le décision de dissoudre du président Macron et l’agenda accéléré qu’elle impose continue de provoquer des craquements des partis en interne et des réverbérations interrogatives en externe.  Trois grands chocs ont été observés suite à cette dissolution. Le parti Les Républicains que dirige Éric Ciotti s’est publiquement déchiré sur la nécessité d’établir une alliance électorale avec le Rassemblement National de Marine Le Pen et de Jordan Bardella. Le parti reconquête d’Eric Zemmour s’est disloqué lorsque sa tête de liste Marion Maréchal ainsi que les euro-députés de sa liste ont pris faits et causes pour le RN, provoquant, selon les mots d’Eric Zemmour, une grande trahison.

Le troisième choc a été ressentie par la galaxie de gauche. Malgré ses divisions et la multiplicité des égos qui la dirigent, elle a réussi en un temps record à s’unir et à former un Front populaire qui prendra dans l’imaginaire des Français la place du front républicain qui avait à plusieurs reprises empêché Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine Le Pen d’accéder à la fonction suprême une fois contre le président Jacques Chirac et deux fois contre le président Emmanuel Macron . La capacité de cette gauche a dépassé en théorie ses contradictions et ses antagonismes dévoile le sentiment d’urgence qui s’empare de cette gauche face à la forte probabilité de l’arrivée de l’extrême droite en France à l’occasion de ces élection législatives anticipées.

Un saut dans l’inconnu, c’est l’expression qui revient le plus souvent pour qualifier cette décision présidentielle. Car personne n’est capable de se projeter sur les résultats de la soirée du dimanche 7 juillet et de l’architecture politique qui sortira des urnes . Certains n’hésitent pas à attribuer à Emmanuel Macron une démarche machiavélique, celle d’attirer l’extrême droite aux responsabilités et montrer ainsi aux Français leurs incapacités à gouverner pour leur fermer définitivement la porte de la présidentielle. Cette option est trop risquée et lourde de conséquences et a été bruyamment démenti par le président Macron lui-même.

Un saut dans l’inconnu et une grande inquiétude sur la future politique étrangère de la France dans le cas où le Quai d’Orsay serait dirigé par une personnalité de l’extrême droite. Quelle politique à l’égard des crises et des guerres actuelles ? L’admiration que cette extrême droite exprime à l’égard de la Russie de Vladimir Poutine poussera-t-elle la France à un possible rétropédalage sur son soutien à l’Ukraine ? La brusque et surprenante sympathie que cette extrême droite exprime à l’égard du gouvernement de Benjamin Nethanyhou influencera-elle la posture de la France sur la guerre israélienne à Gaza ? La balance penchera lourdement en faveur de Nethanyahou et la décision française de reconnaître l’Etat palestinien sera renvoyée aux calendes grecques.

Avec les pays arabes, Afrique du Nord et pays du Golfe, les relations passeront par une phase où il faut tout réinventer. Cette extrême droite perçoit les pays arabo-musulmans soit comme des pays exportateurs de l’immigration clandestine, le cauchemar sur lequel cette extrême droite a bâti sa fortune, soit comme des pays exportateurs d’une idéologie islamiste radicale.

À l’égard de la région du Maghreb, l’extrême droite est dans la tentation de faire bouger les lignes en procédant à de grandes clarifications. Avec Alger, une suspension, sinon une fermeture définitive de la séquence repentance dans laquelle Emmanuel Macron voulait faire entrer les relations franco-algériennes avec en prime une volonté affichée d’annuler le fameux accord de 1968 sur l’immigration. Avec le Maroc une embellie imposée par les choix et la stratégie de conquête de l’extrême droite. Les réseaux sociaux regorgent de deux postures qui sonnent bien aux oreille des Marocains. Marine Le Pen qui reconnaît la souveraineté du Maroc sur son Sahara comme l’avait fait Donald Trump. Et Jordan Bardella qui traite le Maroc de pays frère.

Sauf à imaginer ce nouveau pouvoir renier sous l’effet du réalisme politique toutes ses promesses, cette relation avec le monde arabe vivra des grincements et des remontées d’acides qui nécessitent une vraie réécriture des alliances.

En prenant la décision de plonger la France dans une séquence électorale traumatisante en si peu de temps et à la veille des Jeux olympiques, Emmanuel Macron prend le risque de donner les clés du pouvoir soit à l’extrême-droite avec les incertitudes qu’on connaît, soit au Front populaire avec les grandes remises en cause promises pour à la fois effacer l’ère Macron et stopper  l’élan de l’extrême droite.

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