L’étude, dont les résultats ont été publiés vendredi dans la revue scientifique "Blood" ouvre un grand espoir pour l’autotransfusion sanguine humaine. Ã l’avenir, les malades ayant besoin d’une transfusion sanguine pourraient devenir leurs propres donneurs.
Ces résultats s’inscrivent dans un travail de longue haleine. Les premiers globules avaient été produits il y a cinq ans. Le Pr Douay peaufinait depuis la technique pour en augmenter le volume.
L’étude s’est déroulée en deux temps. En utilisant des cellules souches d’un donneur humain, les scientifiques ont d’abord réussi à produire des milliards de globules rouges cultivés. Ils ont pour cela utilisé des facteurs de croissance spécifiques "qui régulent la prolifération et la maturation des cellules souches en globules rouges".
Après des tests sur des souris, les chercheurs ont réinjecté des globules rouges cultivés à partir des cellules souches d’un patient. "Au bout de cinq jours, le taux de survie de ces globules rouges dans la circulation sanguine était compris entre 94 et 100 pc. Et au bout de 26 jours, entre 41 et 63 pc", explique le Pr Douay.
Les analyses montrent que la durée de vie et le taux de survie des cellules cultivées sont comparables à ceux des globules rouges "natifs", "ce qui étaye leur validité en tant que source possible de transfusion", ajoute-il.
Il s’agit de la première étude qui démontre que ces cellules peuvent survivre dans le corps humain qui constitue, de ce fait, une "percée majeure pour la médecine transfusionnelle".
"Nous avons cruellement besoin de nouvelles sources de produits sanguins pouvant être transfusés, en particulier pour faire face à la pénurie de donneurs de sang et pour réduire le risque d’infection lié aux nouveaux virus émergeants, associé à la transfusion classique", poursuit le chercheur français.
Le prochain défi des chercheurs sera d’envisager une production à grande échelle de ces cellules. "Cela nécessite des progrès technologiques supplémentaires dans le domaine de l’ingénierie cellulaire. Mais nous sommes convaincus que les globules rouges cultivés pourraient constituer une réserve illimitée de cellules sanguines et une alternative aux produits de transfusion classiques", conclut le Pr. Douay.