Les appels à la clémence pour Snowden se multiplient

Les appels à la clémence pour Edward Snowden se multiplient, médias et défenseurs des droits de l’homme estimant que l’ancien consultant de la NSA a rendu un fier service à la démocratie avec ses révélations sur le renseignement américain.

"Il a peut-être commis un crime (…) mais il a rendu un grand service à son pays", estime le New York Times jeudi dans un éditorial consacré à M. Snowden, inculpé d’espionnage par la justice fédérale américaine et réfugié depuis l’été dernier en Russie.

"Etant donné la valeur énorme des informations qu’il a révélées, et les abus qu’il a mis au jour, M. Snowden mérite mieux qu’une vie d’exil, de peur et de fuite", ajoute l’influent quotidien.

"Le moment est venu pour les Etats-Unis d’offrir à M. Snowden un marché ou une forme de clémence, qui lui permettrait de revenir chez lui", poursuit le New York Times, évoquant "une punition fortement allégée" pour l’ex-consultant de la NSA, "étant donné son rôle de lanceur d’alerte".

Le quotidien britannique The Guardian, qui a publié nombre de révélations choc de M. Snowden, va dans le même sens, remarquant que l’ex-consultant, "en l’absence d’autorité de supervision (du renseignement) démocratique et fiable, a donné aux gens suffisamment d’informations sur la nature des opérations modernes de collecte de renseignement pour permettre à un débat de se produire".

Saluant la "bravoure morale" de M. Snowden, le Guardian dit espérer que le président Obama "fera usage de ses pouvoirs exécutifs pour le traiter (…) d’une façon qui serait un exemple brillant de la valeur que l’on accorde aux lanceurs d’alerte et à la liberté d’expression".

Sourde oreille de Washington

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Le directeur due l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, Kenneth Roth, renvoyant sur le texte du Guardian, a affirmé sur Twitter que "Snowden avait mis au jour des mauvaises pratiques. D’autres qui ont eu recours aux canaux officiels pour donner l’alerte ont été ignorés ou poursuivis". Il a exhorté l’administration à abandonner les poursuites contre l’ancien consultant de l’Agence de sécurité nationale américaine.

Même son de cloche de l’influente organisation de défense des libertés ACLU, qui a salué, également sur Twitter, le plaidoyer du New York Times: "Nous ne pourrions pas être plus d’accord" avec cet éditorial, ont écrit ses responsables.

Le texte a également recueilli le soutien d’une ancienne responsable du département d’Etat lors du premier mandat de M. Obama. "Je suis d’accord" avec le Times, a écrit sur son compte Twitter Anne-Marie Slaughter, actuellement dirigeante du groupe de réflexion "New America Foundation".

Sollicitée par l’AFP, la Maison Blanche a renvoyé aux précédentes déclarations de M. Obama et de responsables de son gouvernement, qui ont refusé d’envisager toute forme de clémence pour M. Snowden et l’ont appelé à revenir aux Etats-Unis pour répondre des faits qui lui sont reprochés.

Le 24 décembre, dans un entretien au Washington Post et une intervention télévisée, sans précédent depuis le début de ses révélations en juin, M. Snowden avait appelé les citoyens du monde entier à "mettre fin à la surveillance de masse" et estimé avoir "accompli" sa mission.

Lors de sa dernière conférence de presse de l’année 2013, le 20 décembre, M. Obama avait esquivé la question d’une amnistie pour M. Snowden. "Aussi important et nécessaire que ce débat ait été, il est aussi important de garder à l’esprit que cela a provoqué des dégâts inutiles aux capacités de renseignement et à la diplomatie des Etats-Unis", avait-il dit.

M. Obama a promis de s’exprimer ce mois-ci sur une révision des programmes de surveillance, après avoir reçu à la mi-décembre un rapport d’experts énonçant 46 propositions à ce sujet. Ce texte affirme notamment qu’"il est temps de prendre du recul" dans les opérations de la NSA.

Les juges ont jusqu’ici donné des signaux contradictoires sur leur légalité: un magistrat de New York a estimé le 27 décembre que la NSA respectait la loi, tandis que dix jours plus tôt, un de ses collègues avait dénoncé des opérations "quasi-orwelliennes". Ces positions divergentes rendent probable que la Cour suprême soit en fin de compte saisie de l’affaire.

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