Sur TF1, la vie volée d’une jeune Marocaine trisomique et brillante bachelière
Narjis Rerhaye (A Rabat)
Tout a commencé en 2014 lorsque Yasmine atteinte de trisomie 21 obtient son bac avec mention. La jeune fille a suivi son cursus scolaire dans le système « normal », sans assistance. L’obtention du baccalauréat par Yasmine est une première mondiale. Un cas quasi similaire existe en Italie où un jeune homme qui a bénéficié, lui, d’une assistance a également décroché son bac. Au Maroc, la performance de la fille de Jamal et Mina et Berraoui fait la « une » de la presse y compris internationale. Cet été 2014, Yasmine Berraoui reçoit même une décoration du roi Mohammed VI.
L’histoire est belle, émouvante et faite d’épreuves aussi. Le père qui est un célèbre journaliste la raconte dans un livre poignant publié en France aux éditions Balland en 2015. « Yasmine, 19 ans, trisomique et bachelière» raconte sans fard et avec une immense sincérité l’histoire de « cette jeune Marocaine handicapée qui, grâce à l’amour de ses parents et de sa famille, réussit à obtenir son baccalauréat scientifique et à entamer des études universitaires ».
Aux éditions Balland, le livre est alors présenté comme «une histoire humaine exceptionnelle et un témoignage qui apporte confiance, espérance aux parents souvent livrés à eux-mêmes, et qui pose clairement la question de l’école inclusive. Seul l’amour parental, le courage, l’abnégation peuvent aider ces enfants ».
Jamais la famille Berraoui n’aurait pensé que l’histoire de Yasmine allait inspirer TF1 qui en a fait un téléfilm, « Mention particulière », réalisé par Christophe Campos. Aucune mention à Yasmine Berraoui, la trisomique bachelière, n’est faite. « Il n’y a pas une seule allusion au livre. Pas même un « inspiré de l’histoire vraie de Yasmina Berraoui ». C’est ce que nous demandions », soupire Jamal Berraoui, joint au téléphone par Atlasinfo.
C’est à l’occasion de la campagne de communication de ce téléfilm que l’éditrice de Berraoui a découvert le pillage de TF1 qui s’est approprié une histoire vraie, celle de la Marocaine Yasmina racontée par son père Jamal Berraoui, en prenant bien soin de la franciser. « Problème, il n y a jamais eu de bachelier trisomique en France. Il y en a que deux au monde. L’un des deux est ma fille », fait remarquer J. Berraoui. La campagne de communication est d’ailleurs centrée sur Yasmina. Aux éditions Balland, on décide de ne pas rester les bras croisés. Une mention au livre est demandée dans un premier temps. Ce que TF1 et Endemol, la boîte de production, refusent. Pas question de payer des droits d’auteur !
A la veille de la diffusion du téléfilm, le magazine français « Télé loisirs » confirme que « Mention particulière » est inspirée d’une histoire vraie. « L’histoire de ce téléfilm démarre avec un article dans la presse. "On avait lu un reportage sur des adultes trisomiques qui passaient le bac, au Canada, en Italie, et on a voulu voir où on en était en France", se souviennent les scénaristes.
Une histoire en particulier a été relayée dans la presse. En 2014, une jeune fille marocaine, Yasmine Berraoui, a décroché son bac mention Assez bien à Casablanca .Son père, le journaliste Jamal Berraoui, a d’ailleurs raconté son histoire dans un livre, intitulé Yasmine, 19 ans, trisomique, bachelière », peut-on lire cette semaine sur le site de Télé loisirs.fr.
L’affaire a été portée devant les tribunaux par la maison d’édition « Balland ». Jamal Berraoui dit vouloir rester en dehors de cette séquence judiciaire. « Ce livre, je l’ai écris pour délivrer un message d’espoir aux parents d’enfants trisomiques ». De toute cette affaire, il restera un goût amer. Et, surtout, l’image triste d’une jeune fille dont la vie et le combat ont été volés par une télévision française .