Tunisie: la police convoque 6 journalistes après une plainte de leur patron
"Les collègues et moi avons été convoqués. Je ne sais pas quelle plainte a été déposée contre moi directement car je n’y suis pas allée, mais les autres sont accusés d’empêcher le responsable (M. Touati) de travailler", a expliqué Sana Farhat, journaliste au quotidien francophone Le Temps qui fait partie, avec Essabah (arabophone), du groupe Dar Essabah.
"Je prendrai mon temps avant de répondre" à la convocation, a ajouté Mme Farhat, également responsable syndicale.
Un grave conflit oppose le directeur du groupe de presse désigné par le gouvernement, dirigé par les islamistes, aux rédactions du Temps et d’Essabah.
La direction de Dar Essabah n’était pas joignable mardi en fin d’après-midi.
Depuis la mi-août, ces deux journaux appartenant à un groupe contrô lé par l’Etat combattent la nomination à la direction générale de M. Touati, soupçonné de corruption et jugé trop proche des islamistes au pouvoir.
Les journalistes accusent aussi leur directeur général de "tentative de meurtre" pour avoir volontairement renversé en voiture l’un de leurs collègues qui cherchait à lui parler.
M. Touati avait auparavant censuré la publication d’une motion contre la direction dans les pages des deux quotidiens de Dar Essabah.
De nombreux journalistes, notamment de chaînes télévisées et de radios, le Syndicat national des journalistes tunisiens et des ONG de défense de la presse ont dénoncé les méthodes du gouvernement accusé de vouloir contrô ler les médias.
Les autorités tunisiennes affirment pour leur part vouloir purger le secteur des médias des laudateurs et partisans du régime du président déchu Ben Ali.