Saâdeddine El Otmani: le rétablissement des relations avec Israël est « une décision d’État pleinement assumée »

Pour le chef du gouvernement, Saâdeddine El Otmani, la décision du Maroc de rétablir ses relations avec Israël est une « décision d’État pleinement assumée » et affirme que « l’intérêt national prime toute autre considération ».

Critiqué par des islamistes de son Parti Justice et Développement (PJD) d’avoir signé l’accord rétablissant les relations entre le Maroc avec l’Etat hébreu, alors qu’il rejetait toute reprise en août dernier, le chef du gouvernement, Saâdeddine El Otmani relativise ces critiques, en affirmant que « l’intérêt national prime toute autre considération ».

« Le royaume a deux causes sacrées sur lesquelles le peuple marocain est unanime : sa souveraineté sur l’ensemble du territoire national et la question palestinienne. Quand je m’exprimais en août dernier, c’était pour rappeler la position du Parti de la justice et du développement, qui demeure inchangée », a-t-il fait valoir jeudi dans une interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique.

Selon M. El Otmani, « dans la vie des États, certains choix sont difficile (…) Et la décision de la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et l’État hébreu en fait partie ».

« Cela dit, c’est une décision d’État pleinement assumée », a-t-il affirmé.

Interrogé par l’hebdomadaire si la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté pleine et entière du Royaume sur son Sahara justifiait son pragmatisme, Saâdeddine El Otmani a répondu: « Ce que vous appelez pragmatisme est plutôt une décision souveraine du Maroc, fondée sur des principes et des valeurs immuables ».

« La reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur son Sahara consolide les nombreux acquis du Maroc dans sa cause nationale et constitue une étape importante dans le processus de résolution de ce conflit artificiel, compte tenu de la place qu’occupent les États-Unis comme sur la scène internationale », a-t-il souligné.

Et de souligner: « cela change la donne et pourrait encourager d’autres pays à se montrer favorables à notre cause nationale ».

Devant le roi Mohammed VI, accompagné du Prince héritier Moulay El Hassan, Saadeddine El Otmani, chef de gouvernement et secrétaire général du PJD, avait apposé, le 22 décembre 2020, sa signature sur la Déclaration Conjointe qui a mis l’accent sur l’ouverture d’une ère nouvelle dans les relations entre le Royaume du Maroc et l’Etat d’Israël.

M. El Otmani a ensuite fait l’objet d’une violente attaque de la part de ses « frères », qui lui reprochaient ses anciennes déclarations anti-normalisation avec Israël et son acceptation actuelle de la reprise des relations entre le Maroc et l’Etat hébreu.

La violence des attaques était telle que l’ancien Premier ministre, l’islamiste Abdelillah Benkirane, a cru nécessaire de sortir de sa retraite pour voler à la rescousse de l’actuel chef du gouvernement. Objectif : calmer les esprits et les ardeurs frèristes de certains, et expliquer à ceux qui ne l’auraient pas compris la primauté de l’intérêt national sur le discours parfois chimérique de la posture islamiste internationale.

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Tandis que la plupart des partis de l’échiquier politique marocain ont saisi l’importance stratégique de ce tournant américain qui scellera dans le marbre l’unité politique et géographique du Royaume, une partie des forces islamistes, sous l’emprise idéologique de la grande confrérie des frères musulmans, ont donné cette fâcheuse impression de vouloir sortir de l’unanimité nationale pour saboter par leurs hésitations et leurs critiques la grande performance diplomatique que le Maroc vient de réaliser en arrachant la reconnaissance de la marocanité du Sahara de la plus grande puissance politique du monde.

Cette approche de certains islamistes marocains est d’autant plus anachronique que le Maroc n’a aucunement changé sa manière de se comporter avec le conflit israélo-palestinien. Fervent défenseur de la solution à deux Etats et de la préservation du caractère islamique de la ville sacrée d’Al Quds, le Maroc n’a cède sur aucun point névralgique de la question palestinienne si chère aux Marocains.

Le discours populiste islamiste a tendance à privilégier la posture extra nationale, quitte à faire le jeu des adversaires du Maroc tapis dans l’ombre ou ouvertement hostiles, plutôt que de servir les intérêts nationaux qui feraient en sorte que la fin du conflit du Sahara rendrait le Maroc plus fort et sa voix singulière plus audible pour défendre les intérêts de ses amis, y compris ceux du peuple palestinien.

 

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