Catherine Colonna au Maroc le 16 décembre pour préparer la visite de Macron

La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, se rendra au Maroc le 16 décembre 2022 en vue de préparer la visite du président Emmanuel Macron, a appris Atlasinfo mardi de sources françaises.

Comme l’avait déjà annoncé Atlasinfo, la visite du chef de l’Etat français au Maroc interviendrait à la mi-janvier 2023. Le déplacement de la ministre, une énarque réputée grande technicienne et ancienne porte-parole de feu Jacques Chirac, confirme ainsi que les préparatifs de cette visite présidentielle sont lancés et que l’aval de Rabat aurait été accordé.

Paris vient de proposer Christophe Lecourtier comme nouvel ambassadeur de France au Maroc, alors que le poste de son homologue marocain est toujours vacant depuis la nomination de Mohammed Benchaaboun à la tête du Fonds Mohammed VI pour l’investissement.

Avec son double profil, économique et diplomatique, l’ancien ambassadeur de France en Australie est à la tête de Business France. Entre 2014 et 2017, il avait dirigé le cabinet de Christine Lagarde à Bercy (Ministère des finances et également occupé la fonction de Secrétaire général de la Direction générale du Trésor.

Crise glaciale et mutique

Depuis des mois, les relations entre Rabat et Paris traversent une crise glaciale et mutique. De hautes personnalités françaises ont même fait entendre jusqu’à l’Elysée leur profond agacement et leur grande incompréhension face à la grave détérioration des relations franco-marocaines et à leurs lourdes conséquences.

A son retour d’Algérie, Emmanuel Macron avait lancé, au sortir d’un festival de musique au Touquet et au détour d’une conversation de rue avec des Marocains, son intention de visiter le Maroc fin octobre dernier. Cette manière nonchalante d’annoncer une entreprise diplomatique aussi importante dans un contexte de crise profonde n’avait pas soulevé l’enthousiasme de la diplomatie marocaine qui n’avait fait aucun commentaire, laissant par son silence filtrer son agacement concernant le style et la méthode du président Macron pour annoncer sa visite au Maroc.

Le silence dura jusqu’au 1er novembre où l’on a appris que le Roi du Maroc Mohammed VI et le président Macron se sont parlés au téléphone pendant une demi-heure. Pour les nombreux observateurs, cette conversation annonçait un dégel et le cadre politique d’une future visite de Macron au Maroc.

En effet, la relation franco-marocaine traverse une séquence vivement tendue où le mécontentement et l’incompréhension sont de mise. Évoquant une affaire de laisser-passer consulaire pour reconduire au Maroc les sans-papiers marocains, la France a pris la lourde décision de diminuer de moitié le volume de visas accordés aux Marocains. Ses services consulaires ont même refusé le fameux sésame pour l’espace Schengen à des personnalités de l’élite culturelle, économique, académique du Maroc. Comme si le refus en soi était destiné à provoquer le maximum de bruit et refléter la stratégie de sanction et de l’affront à l’égard des Marocains.

Repenser la relation Maroc/France

Au cours de cette visite attendue de Macron au Maroc, la problématique du visa sera en haut du panier de discussion entre les deux pays pour essayer de trouver un consensus et remettre de la mobilité et rétablir des échanges entre les deux pays, lourdement ralentis par le frein des visas.

Dans cette affaire de visas, la France, la culture et l’influence françaises ont beaucoup à perdre. Le risque est que les Marocains puissent, devant cette fermeture française, se détourner de la France et porter leurs regards et leurs intérêts ailleurs. Le mouvement a d’ailleurs été lancé pour un boycott du français en faveur de l’anglais et des familles envoient désormais leurs progénitures poursuivre leurs études au Canada, les Etats-Unis ou l’Angleterre.

Lors de cette visite, il s’agira aussi pour la France de  fournir une réponse à une demande formulée par les Marocains concernant la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur son Sahara.  Rabat avait sommé Paris de sortir de la zone grise et de reconnaître publiquement la marocainité du Sahara. La France se contente jusqu’à présent de soutenir l’option de l’autonomie comme une solution crédible pour trouver une solution à cette discorde régionale.

Une grande explication entre Paris et Rabat est également très attendue. On prête à la diplomatie française un excès de mauvaise humeur à l’égard de deux grands choix politiques et stratégiques du royaume du Maroc dans la récente période : le premier est la signature d’un traité tripartite entre le Maroc, les États-Unis d’Amérique et Israël et qui aurait provoqué des aigreurs au sein du sérail français. Le second serait lié à l’activisme marocain politique et économique du Maroc sur la scène africaine, notamment la partie francophone considérée traditionnellement comme la chasse gardée de la France et de ses entreprises.

Entre le Maroc et la France, il s’agit de procéder à une reconfiguration de leur partenariat stratégique en le relançant sur de nouvelles bases qui soient compatibles avec les intérêts des deux pays.

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