Violences conjugales en France : Schiappa annonce des centres de prise en charge des hommes agresseurs

Le gouvernement doit clore lundi son "Grenelle contre les violences conjugales" et dévoiler ou confirmer une cinquantaine de mesures, dont la création de centres de prise en charge des hommes agresseurs pour faire baisser la récidive, a annoncé dimanche soir Marlène Schiappa.

Concrètement, le gouvernement va lancer un appel à candidatures et co-financer à 50% la création, d’ici la fin du quinquennat, de deux structures de ce type dans chaque région, a précisé la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité femmes/hommes dans une interview au Figaro.

Mme Schiappa a par ailleurs annoncé que la ligne d’écoute dédiée aux victimes de violences conjugales, le 3919, fonctionnera désormais "24 heures/24 et 7 jours sur 7".

Au total, le Premier ministre Edouard Philippe, accompagné d’une douzaine de membres de son gouvernement, doit présenter ou confirmer lundi matin une "cinquantaine de mesures" en conclusion du "Grenelle", lancé début septembre.

"Les attentes sont immenses", a martelé dimanche dans un communiqué le collectif féministe #NousToutes, à l’origine de manifestations ayant réuni des dizaines de milliers de personnes en France pour dire "stop" aux violences sexistes et sexuelles et aux féminicides.

"Nous avons marché pour dire notre colère. Pour exiger des mesures et des moyens à la hauteur. C’est maintenant au tour du gouvernement d’agir. Nous exigeons que la priorité soit donnée à l’éducation, la formation et la prévention", a rappelé le collectif.

– "Un milliard, pas des bobards" –

Sur les réseaux sociaux, l’association a appelé dimanche soir ses sympathisants, partout en France, à afficher à leur fenêtre des slogans réclamant "un milliard, pas des bobards" en faveur de cette cause.

"Les moyens sont au rendez-vous et toutes les nouvelles politiques publiques seront financées", a dit Mme Schiappa au Figaro. Tout en soulignant que "la lutte contre les violences conjugales ne se résume pas à une question d’argent".

Certaines des nouvelles mesures doivent figurer dans une proposition de loi que deux députés LREM, Guillaume Gouffier-Cha et Bérangère Couillard, comptent déposer dès janvier.

Il s’agira notamment de faciliter la suspension ou la déchéance de l’autorité parentale du père agresseur en cas d’homicide conjugal, et de renforcer les peines encourues en cas de suicide forcé, ont précisé les deux élus au Journal du Dimanche. Mais également d’assouplir le secret médical pour permettre aux professionnels de santé de signaler plus facilement des faits de violences, et de faciliter la saisie des armes détenues par un homme violent.

D’autres mesures s’inspireront des 60 recommandations formulées fin octobre par les 11 groupes thématiques qui ont planché dans le cadre du Grenelle. Parmi elles, l’accessibilité 24h/24 du numéro d’appel 3919, dédié aux violences conjugales.

Une dizaine de premières mesures avaient été annoncées dès l’ouverture du Grenelle, le 3 septembre, dont la création de 1.000 nouvelles places d’hébergement et de logement d’urgence pour les femmes victimes ou la généralisation du dépôt de plainte à l’hôpital. Figuraient également dans cette première liste l’identification de "procureurs référents spécialisés" dans tous les tribunaux, et la création d’une "grille d’évaluation" devant permettre aux forces de l’ordre de mieux estimer le danger encouru par les femmes qui se présentent au commissariat ou à la gendarmerie.

Les députés ont par ailleurs adopté mi-octobre une proposition de loi visant à mettre place, dès début 2020, le bracelet anti-rapprochement. Ce dispositif permet de géolocaliser et maintenir à distance les conjoints et ex-conjoints violents par le déclenchement d’un signal, avec un périmètre d’éloignement fixé par un juge.

De son côté, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a souligné dimanche qu’elle était favorable à ce que les victimes de violences conjugales puissent débloquer leur épargne salariale "en urgence", pour être financièrement plus autonomes lorsqu’elles veulent "claquer la porte et se sauver".

Depuis le début de l’année 2019, au moins 117 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon un décompte et une étude au cas par cas menés par l’AFP. Le dernier cas en date a été rendu public samedi: il s’agit d’une femme tuée par son mari le 16 novembre dans le Loiret.

En 2018, le chiffre avait atteint 121 femmes victimes, selon le ministère de l’Intérieur.

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