Venezuela : Maduro prêt à des législatives anticipées

L’opposition vénézuelienne s’apprête à descendre à nouveau dans la rue mercredi pour réclamer le départ du président Nicolas Maduro, qui tente de faire baisser la pression en se disant prêt à des législatives anticipées mais sans remettre son mandat présidentiel en jeu.

"Ce serait très bien d’organiser des élections législatives plus tôt, cela constituerait une très bonne forme de discussion politique, une bonne solution par le vote populaire", a déclaré le président socialiste à l’agence publique russe RIA Novosti, face aux appels pour un retour aux urnes, notamment des Européens.

M. Maduro se dit aussi prêt à "s’asseoir à la table des négociations avec l’opposition, pour parler pour le bien du Venezuela".

Mais il rappelle toutefois que la dernière présidentielle a eu lieu "il y a dix mois", et que si les "impérialistes" en veulent une nouvelle "ils n’ont qu’à attendre 2015", soit la fin de son mandat.

L’opposition vénézuélienne se prépare de son côté à manifester pour convaincre l’armée, pilier du pouvoir actuel, de lâcher Nicolas Maduro et reconnaître à sa place l’opposant Juan Guaido, porté par un soutien international croissant.

Chef du Parlement, ce député de droite âgé de 35 ans appelle la population à descendre dans les rues de 12H00 à 14h00 (16h00 à 18h00 GMT) pour paralyser le pays, en frappant dans des casseroles ou en brandissant des pancartes.

Dans un entretien au quotidien allemand Bild mercredi, l’opposant qui s’est autoproclamé président réclame "plus de sanctions" de la part de l’Union européenne contre le régime en place.

"Nous sommes dans une dictature et il doit y avoir une pression" et "nous avons besoin de plus de sanctions de la part de l’UE, comme l’ont décidé les États-Unis", ajoute-t-il.

L’UE a déclaré samedi dernier qu’elle "prendrait des mesures" si des élections n’étaient pas convoquées "dans les prochains jours", y compris concernant "la reconnaissance du leadership" dans le pays.

Six pays européens (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas et Portugal), ont donné jusqu’à dimanche à Nicolas Maduro pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront son adversaire, comme l’a déjà fait Washington.

Naufrage économique

Le risque de troubles civils est élevé dans ce pays de 32 millions d’habitants, un des plus violents au monde, en plein naufrage économique et déchiré par la crise politique. Neuf jours de mobilisations se sont soldés par une quarantaine de morts et plus de 850 arrestations, selon l’ONU.

M. Guaido fait fait état, dans son entretien à Bild, de quelque "700 personnes arrêtées lors de manifestations rien qu’au cours des dernières semaines" et de "300 prisonniers politiques dans les prisons". De nouvelles manifestations sont également prévues samedi à travers le pays.

La pression diplomatique des Etats-Unis se fait aussi chaque jour plus insistante: premiers à accepter Juan Guaido comme président, ils viennent de prononcer de nouvelles sanctions contre l’entreprise pétrolière PDVSA, source de 96% des revenus du Venezuela. Washington a plusieurs fois averti que "toutes les options sont sur la table" concernant le Venezuela, mais le Groupe de Lima, qui regroupe une dizaine de pays du continent américain et soutient Juan Guaido, a rejeté mardi tout recours à une intervention militaire. Les Etats-Unis se disent par ailleurs prêts à livrer 20 millions de dollars en aliments et médicaments, frappés de pénuries dans le pays.

Nicolas Maduro les accuse d’orchestrer un coup d’Etat, mais s’est également dit mercredi "prêt à discuter avec Donald Trump personnellement, en public, aux Etats-Unis, au Venezuela, où il voudra". Il a cependant reconnu qu’un tel dialogue serait "compliqué actuellement".

Les Vénézuéliens redoutent notamment des difficultés d’approvisionnement en carburant, un comble dans ce pays aux plus importantes réserves de pétrole au monde, mais à la production en berne.

Le jeu diplomatique autour de Caracas implique aussi Pékin et Moscou, ses alliés et créanciers, qui ont vivement dénoncé les sanctions américaines. Et M. Maduro garde aussi comme alliés traditionnels la Turquie, la Corée du Nord ou encore Cuba.

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