Sibeth Ndiaye adoucit son style pour ses premières heures de porte-parole du gouvernement français

Réputée pour son franc parler et son langage parfois fleuri, la nouvelle porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a adouci lundi son style et promis d’être "à l’écoute" des Français.

Ses premières heures ont été chargées puisque la nouvelle secrétaire d’Etat a dû présenter, en présence de nombreux journalistes, le compte-rendu du Conseil des ministres, exceptionnellement avancé à lundi, trois heures après sa prise de fonction.

Dimanche soir, sa nomination avait fait sensation, tant la native de Dakar, 39 ans, est atypique, par son parcours comme pour sa personnalité.

"Comme me l’a dit un ami cher, très cher, je m’apprête aujourd’hui à franchir une marche. Je n’ignore pas qu’elle est haute", a-t-elle déclaré, en faisant visiblement allusion à Emmanuel Macron, son mentor.

Avec son langage cru, ses coups de gueule, son habitude du franglais — elle a ainsi tweeté sa fierté de nouveau "job" — la trentenaire, seule femme d’origine africaine dans l’entourage du chef de l’Etat et désormais du gouvernement, va trancher par sa personnalité hors du commun.

Mais elle a assuré que, désormais, elle allait changer son mode d’expression avec sa "nouvelle responsabilité". "Les propos que je tiendrai sont des propos qui reflèteront ce qui est l’action du gouvernement et qui auront vocation à rendre plus intelligible, plus claire, cette action au quotidien en direction des Français", a-t-elle expliqué.

Sibeth Ndiaye va devoir convaincre puisque, depuis dimanche soir, les critiques de l’opposition se focalisent sur ses déclarations passées, en particulier sur celles rapportées par l’hebdomadaire L’Express en juillet 2017: "J’assume parfaitement de mentir pour protéger le président".

"Etre porte-parole du gouvernement n’est pas un simple job, c’est une mission au service de l’Etat. Visiblement on ne peut pas en espérer autant d’une femme qui assume mentir à la presse", a ainsi dénoncé Eric Ciotti (LR).

Ces paroles "ont été sorties de leur contexte" et "tronquées", a répondu l’ancienne conseillère presse d’Emmanuel Macron. "Elles visaient à protéger la vie privée du président de la République dans un moment de vie personnelle, c’était ma fonction à l’époque".

"A ta place"

Au cours de la passation de pouvoir avec Benjamin Griveaux, Sibeth Ndiaye, portant l’une de ces robes à fleurs devenues sa marque de fabrique, s’est laissée aller à évoquer son pays natal, parant d’avance toute critique sur son origine étrangère.

"C’est au Sénégal, dans mon enfance, que j’ai cherché les paroles" pour gravir cette marche. "Là où tu es, tu es à ta place", a-t-elle dit, citant ses parents, — une mère présidente du Conseil Constitutionnel du Sénégal et un père député et numéro 2 du principal parti d’opposition. "La France m’a beaucoup donné. Aujourd’hui c’est à mon tour de lui rendre".

Dans "ce pays que je me suis choisi", a ajouté Mme Ndiaye, naturalisée en juin 2016, "avant même d’être Française, j’ai compté parmi les engagés de ce pays". Une référence à son passé de militante de gauche en Seine-Saint-Denis.

"Ce ministère, qui bien souvent est considéré comme celui de la parole, je veux d’abord qu’il soit celui de l’écoute", a-t-elle également annoncé, disant vouloir qu’il soit "ouvert" aux Français.

Pourtant à l’Elysée, elle a combattu pour une communication de verrouillage. Barrant au maximum tout échange informel du président avec la presse, elle a surveillé étroitement les expressions des conseillers mais aussi des ministres, exigeant souvent de relire leurs interviews avant publication.

Le porte-parole du gouvernement est d’abord celui du président: lors de chaque compte-rendu du Conseil des ministres, "le" rendez-vous hebdomadaire de l’exécutif devant la presse, il commence toujours par citer le propos introductif du chef de l’Etat. D’où le choix d’Emmanuel Macron pour des très proches: Christophe Castaner, Benjamin Griveaux et désormais Sibeth Ndiaye.

Partisane d’un communication de combat, voire provocatrice, adepte des réseaux sociaux plutôt que des médias traditionnels, c’est elle qui avait posté sur son compte Twitter la vidéo sur le "pognon de dingue" que, selon Emmanuel Macron, coûtent les aides sociales. Elle avait qualifié Simone Veil de "meuf" dans un texto à un journaliste, quelques heures après sa mort.

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