Retraites : mobilisation massive en vue pour forcer Macron à abandonner son projet

Cheminots, enseignants, étudiants, policiers, éboueurs, avocats aux côtés des syndicats, partis d’opposition et "gilets jaunes" appellent à la mobilisation jeudi contre la future réforme des retraites, promesse de campagne que l’exécutif est déterminé à mener à terme.

De fortes perturbations sont prévues à la SNCF, avec 90% des TGV et 80% des TER annulés.

Le mouvement pourrait durer plusieurs jours: les syndicats de la SNCF et de la RATP ont appelé à une grève illimitée.

Une intersyndicale (CGT, FO, la FSU, Solidaires, Unef, Fidl, MNL et UNL) est programmée vendredi pour envisager la suite. A l’exception notable de la CFDT, favorable à un système de retraites "universel", "plus lisible" et "plus juste".

Anticipant un mouvement long, dans un contexte social tendu où les mécontentements se multiplient (hôpital, urgences, polices, enseignants, cheminots, "gilets jaunes"…), l’exécutif a enchaîné les réunions ces derniers jours, dont un séminaire gouvernemental dimanche à Matignon.

De son côté, le haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, continue de recevoir syndicats et patronat, avant de rendre ses conclusions à Édouard Philippe lundi 9 ou mardi 10 décembre.

En première ligne, le chef du gouvernement doit dévoiler le projet à la mi-décembre pour une présentation au Parlement début 2020.

Il a laissé une porte ouverte à une entrée en vigueur après 2025, année prévue au départ. Et à des thèmes chers aux syndicats, comme les droits familiaux, la pénibilité ou les "garanties" attendues par les enseignants, dont près de sept sur dix seront en grève.

Lundi, pour les rassurer, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’est prononcé pour une revalorisation de leur salaire.

La fermeté reste toutefois de mise: "Je n’y renoncerai pas", a prévenu Emmanuel Macron, quand Édouard Philippe est "plus déterminé que jamais".

Mais le spectre de 1995 pèse. Alain Juppé, le Premier ministre d’alors, avait dû reculer sous la pression de la rue sur sa réforme des "régimes spéciaux".

– "Bataillons de catcheurs" –

Plusieurs sondages ont montré ces derniers jours que si les Français sont favorables à une réforme du système des retraites, une majorité soutient également la mobilisation.

L’initiative d’une grève reconductible est venue de syndicats de la RATP, après une grève le 13 septembre qui a quasiment paralysé la capitale et ses environs.

SNCF, Air France, EDF, poids lourds, avocats, enseignants, crèches… le mouvement a pris de l’ampleur au fil des semaines, s’étendant aux "gilets jaunes", mais aussi au Parti socialiste, au PCF, à La France insoumise et au Rassemblement national.

Des syndicats peu habitués à battre le pavé, prévoient de participer: la CFE-CGC va manifester, la CFTC a laissé ses syndicats "libres" de rallier, des fédérations Unsa se rassembleront devant Bercy. Et la CFDT-Cheminot, à contre-courant de sa centrale, appelle à une grève illimitée.

"D’une façon générale, tout le monde y perdra", a estimé François Hommeril, le président de la CFE-CGC, dans un entretien dans l’Humanité mardi, à propos de la réforme.

Plus de 300 cortèges sont prévus en France, selon la CGT, c’est deux fois plus que pour les mobilisations contre la loi travail en 2016.

A Paris, la préfecture de Police a décidé de la fermeture de tous les commerces présents sur le parcours (Gare de l’Est-Nation), arguant d’un contexte social "des plus tendus" qui pourrait générer "violences et dégradations".

Les syndicats assurent que les services d’ordres seraient "renforcés". "Mais notre rôle est bien de sécuriser les manifestants et non un rôle de police", a relevé Benoît Martin (CGT Paris). "On n’a pas des bataillons de catcheurs en réserve!", a ajouté Jacques Borensztejn (FO Paris).

Le projet de loi définissant le système "universel" de retraite est une promesse électorale d’Emmanuel Macron en 2017, alors que le système était à l’équilibre. Une situation qui va tourner au déficit ces prochaines années selon le Conseil d’orientation des retraites (COR). Du coup, l’exécutif réfléchit à des mesures d’économies avant même l’application de la réforme.

"Si dans cette réforme il y a l’idée qu’il faut travailler plus longtemps, c’est niet", prévient Laurent Berger, le patron de la CFDT dans Paris Match mardi.

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