Pénaliser l’antisionisme: pas une solution pour Macron et la plupart des groupes politiques

Emmanuel Macron s’est prononcé mardi contre la pénalisation de l’antisionisme, avis largement partagé à l’Assemblée sur une idée d’un groupe de députés qui entendent désormais travailler à une proposition de résolution pour mieux "définir l’antisémitisme".

"Je ne pense pas que pénaliser l’antisionisme soit une solution", a déclaré le président de la République devant la presse, alors qu’une vague d’inscriptions, de slogans antisémites a été enregistrée depuis une semaine en France et que le philosophe Alain Finkielkraut a subi des insultes samedi de la part de "gilets jaunes".

"Mais je confirme que ceux qui, aujourd’hui dans le discours, veulent la disparition d’Israël sont ceux qui veulent s’attaquer aux Juifs. Je pense néanmoins que lorsqu’on rentre dans le détail, la condamnation pénale de l’antisionisme pose d’autres problèmes", a ajouté le chef de l’Etat.

Le président de l’Assemblée Richard Ferrand (LREM) a lui estimé que "l’arsenal législatif" était "tout à fait au point" pour lutter contre l’antisémitisme. Il a appelé sur BFMTV et RMC à une "réflexion très approfondie avant de faire des annonces intempestives".

L’idée de travailler sur cette question émane de députés membres du groupe d’études sur l’antisémitisme, présidé par Sylvain Maillard (LREM). "C’est une initiative personnelle" et "il faut en débattre entre nous", a estimé lors de la réunion du groupe majoritaire son patron Gilles Le Gendre, selon des propos rapportés.

Le chef de file des députés LR Christian Jacob considère que la loi "condamne (déjà) aussi bien l’antisémitisme que l’antisionisme" et il n’y a pas "besoin d’un texte législatif supplémentaire".

"Le juge a déjà la possibilité de condamner au cas par cas un antisionisme qui s’apparenterait à de l’antisémitisme", a aussi estimé devant la presse Isabelle Florennes, porte-parole MoDem. Il serait toutefois "intéressant d’évaluer la loi Gayssot (de 1990)" pour "adapter l’arsenal".

Pour Jean-Christophe Lagarde, président du groupe UDI-Agir, "c’est vrai qu’il y a une part de l’antisémitisme qui se cache derrière l’antisionisme". "Mais l’antisionisme, c’est en réalité être contre une politique" et "c’est une opinion, pas un délit", a-t-il poursuivi, en "accord" avec le chef de l’Etat.

A gauche, le porte-parole des socialistes Boris Vallaud a jugé qu’un tel texte "ne serait pas la bonne réponse" en "cette période troublée".

"Rarement dans l’émotion une loi aussi importante, aussi sérieuse ne peut être efficace et opérante", selon Sébastien Jumel (PCF).

"L’instrumentalisation à des fins politiciennes de la lutte contre l’antisémitisme, c’est la rabougrir et la mettre en danger", a considéré Adrien Quatennens (LFI) auprès de LCP.

M. Maillard avait réfuté lundi tout projet "de circonstance". Son groupe d’études, qui compte une trentaine de membres de tous les groupes, s’est réuni mardi après-midi pour décider d’un éventuel véhicule, proposition de loi ou proposition de résolution (sans valeur contraignante).

Le groupe d’études a finalement choisi de travailler à "une proposition de résolution" qui puisse "faire avancer la reconnaissance de ce qu’est l’antisémitisme au XXIe siècle", en reprenant la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’holocauste (IHRA), a expliqué M. Maillard devant la presse.

Le député pense qu’une résolution votée par l’Assemblée permettrait "une annonce politique forte" sur le sujet.

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