Nucléaire iranien: pour Zarif, les propositions de Macron vont dans la « bonne direction »

Les propositions d’Emmanuel Macron pour débloquer la crise sur l’accord nucléaire iranien vont "dans la bonne direction", a déclaré vendredi le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif dans un entretien à l’AFP.

Les propositions "vont dans la bonne direction, mais il est clair qu’il reste du chemin", a déclaré le ministre dans cette interview, après avoir rencontré à la mi-journée le président français.

"Nous avons eu une bonne discussion aujourd’hui", a commenté le ministre, lors d’une rencontre à la résidence de l’ambassadeur. "Nous avons parlé des possibilités. Maintenant, il (Emmanuel Macron, ndlr) va en discuter avec ses partenaires européens et ses autres partenaires pour voir dans quelle direction nous pouvons aller", a-t-il ajouté.

Le rencontre entre M. Zarif et le président français survient à la veille du sommet du G7 à Biarritz, dans le sud-ouest de la France, où le président français compte faire des propositions, en présence notamment du président américain Donald Trump, qui a dénoncé l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 (JCPOA) et imposé des sanctions à Téhéran.

Visé lui-même par des sanctions américaines, le ministre iranien a été l’artisan pour Téhéran de l’accord – et il est à ce titre la bête noire des ultraconservateurs iraniens.

Souriant dans son costume croisé gris sur une chemise blanche à col officier, M. Zarif déroule dans un anglais parfait les éléments de langage de Téhéran, qu’il dispense dans les capitales du monde entier.

"Pour nous l’important est que nous puissions continuer à commercer avec l’Union européenne", explique-t-il, alors que les sanctions économiques américaines visent l’asphyxie financière de Téhéran en dissuadant les Européens de faire des affaires avec l’Iran.

"Nous cherchons un moyen pour que l’Europe puisse tenir ses engagements" vis-à-vis de l’Iran, "afin que nous puissions revenir sur nos décisions" sur le nucléaire, expose-t-il.

L’Iran tente de pousser les Européens, qui veulent préserver l’accord, à prendre des mesures pour passer outre aux sanctions américaines. Mais les entreprises européennes ne sont pas disposées à risquer des poursuites et amendes des autorités américaines.

– Pétrolier –

Après la décision américaine, Téhéran a annoncé s’affranchir des obligations pesant sur lui dans le cadre de cet accord dont le but est de limiter ses activités nucléaires en échange de la levée de sanctions économiques.

Cette escalade, combinée aux tensions dans la région du golfe arabo-persique, a débouché sur une situation explosive dans cette région particulièrement instable et très militarisée, faisant craindre à certains observateurs le déclenchement d’une guerre.

"Nous ne cherchons pas la confrontation militaire (…) mais il est certain que nous nous défendrons", prévient M. Zarif.

Interrogé sur la destination du pétrolier iranien Grace 1, qui avait été saisi par les autorités de Gibraltar puis libéré malgré un mandat de saisie des autorités américaines, il déclare: "Nous n’annoncerons pas sa destination finale car les Etats-Unis en profiteraient pour continuer de saboter nos activités économiques".

Le navire a quitté Gibraltar le 18 août et se trouvait vendredi au large de la Sicile. "Les Etats-Unis harcèlent notre navire dans les eaux internationales et entravent la liberté de navigation", juge le chef de la diplomatie iranienne.

Interrogé sur les demandes, notamment françaises, d’ouvrir des négociations internationales sur les activités balistiques de Téhéran et sur son influence régionale, M. Zarif a botté en touche, se disant prêt en revanche à discuter "des moyens d’améliorer la mise en œuvre du JCPOA".

"Sur les missiles et les sujets régionaux, nous ne les avions pas inclus dans le JCPOA, non pas car l’Iran n’était pas disposé à le faire, mais surtout parce que l’Occident n’est pas prêt à réduire ses ventes d’armes dans la région ni cesser de soutenir ceux qui agressent et mènent des activités terroristes dans la région", a-t-il estimé alors que deux des principaux rivaux régionaux de Téhéran, l’Arabie saoudite et Israël, sont des alliés très proches de Washington.

"Donc, commençons par le JCPOA", insiste-t-il.

Après l’Europe ces jours-ci, le ministre s’envolera pour Pékin où il sera reçu de dimanche à mardi. La Chine, signataire du JCPOA, est un partenaire économique important pour Téhéran, lui achetant notamment du pétrole.

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