Mohamed Metalsi décoré à Paris des insignes d’Officier dans l’ordre des Arts et des Lettres de la République française

par Fouzia Benyoub

Mohamed Metalsi sera honoré à l’Ambassade du Maroc à Paris, ce lundi 5 février 2018. Et c’est Chérif Khaznadar, président de la Maison des Cultures du Monde-Centre français du patrimoine culturel immatériel et président du Fonds International pour la Promotion de la Culture (UNESCO), qui lui remettra les insignes d’Officier dans l’ordre des Arts et des Lettres, en présence de Chakib Benmoussa, Ambassadeur du Maroc à Paris et des personnalités du monde la culture et des arts.

Urbaniste, docteur en esthétique et formes architecturales, spécialiste des villes du monde arabe et des jardins du monde arabo-islamique, historien d’art, écrivain, ancien directeur des actions culturelles à l’Institut du Monde Arabe (IMA), il est actuellement doyen de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales- Université Euro-méditerranéenne de Fès.

Mohamed Metalsi est né en 1954 à Tanger, de parents originaires du Rif, des villes de Melilia, d’Ajdir et de Tétouan. Sa famille est connue dans le nord-est du pays, par sa filiation à la Zaouïa des Chorfa Habriya Kadiriya. Une famille érudite, connue pour sa spiritualité et sa mysticité. Metalsi perd son père à l’âge de six ans. Sa mère élève seule ses trois enfants et veille à leur instruction. Le voisinage est cosmopolite. Il grandit avec des enfants marocains, espagnols et français, fréquentent la même école et plus tard le célèbre collège Ibn Battouta.

A Tanger, malgré l’absence du père, Mohamed Metalsi vit une enfance heureuse, bercé dans une culture locale, ouverte sur le monde. Depuis la fin du XIXe siècle, de nombreux artistes franchissent la Méditerranée pour s’établir à Tanger. Pour les peintres, la lumière, l’architecture et les habitants de la ville ont été la source de leur inspiration. Tanger l’imprégnât durablement. Ville aux contours du bleu de la méditerranée et de l’atlantique. Cité internationale qui a séduit par ses couleurs et sa lumière et a inspiré beaucoup d’artistes peintres. Les français ; Matisse, Delacroix et Degas ou l’Anglo-Irlandais Francis Bacon et le Britannique George Apperley, ont trouvé près de la brise de la baie de Tanger une source d’inspiration.

A 15 ans, il part à Casablanca poursuivre ses études secondaires en internat. En 1973, il obtient son baccalauréat et prolonge ses études à l’université de Rabat. En 1975 il devient professeur d’arts plastiques. En 1975, il s’envole à Paris pour étudier à l’Institut français d’urbanisme. Il continue ses cours à Paris I- Panthéon-Sorbonne et à Paris VIII en histoire de l’art et en esthétique jusqu’à 1982.

Metalsi restera attaché à Tanger, à la «Dream City », cette ville de rêve brossée par Paul Bowles. L’écrivain, compositeur et voyageur américain s’y était installé en 1947 et y a vécu jusqu’à sa disparition en 1999. Des grands noms ont contribué à son rayonnement: William Burroughs, Allen Ginsberg, Jack Kerouac, Antoine de Saint-Exupéry, Roland Barthes, Jean Genet, Joseph Kessel, Samuel Beckett, les Rolling Stone, Maurice Ravel… et bien sûr Mohamed Choukri. Tous y ont laissé leur empreinte. Paul Bowles, notamment, qui avait appris l’arabe et avait retranscrit les récits d’écrivains comme Mohamed Mrabet et traduit en anglais Mohamed Choukri.

En 1993, Tanger est là, présente dans son travail universitaire. Mohamed Metalsi soutient une thèse de doctorat en Esthétique, Sciences et Technologies des arts-Formes architecturales et Organisation de l’espace d’une cité musulmane : L’exemple de la médina de Tanger, sous la direction d’Élodie Vitale.

Tanger restera assez présente dans ses recherches et écrits. Dans les années 2000, sa signature est dans plusieurs publications : « Tanger, cité de rêve -Paris-Méditerranée, 2002 », « Tanger, éd. Imprimerie nationale /éd. Malika, 2007 », « Tanger : Métropolis » in le Goût de Tanger, Paris, Mercure de France ; 2004, « Tanger entre mythe et réalité » in Tanger, cité de rêve, Paris-Méditerranée, 2002, « Tanger : crise de la citadinité, crise de la ville » un patrimoine mondial, Actes du colloque 28-29 juin 2002, Association Al-Boughaz/Institut français de Tanger Tétouan, « La grande mosquée de la médina de Tanger : Lecture d’un espace architectural », in Tanger au miroir d’elle-même, in Revue Horizons Maghrébins, n° 31/32, Toulouse 1996.

En reconnaissance à son parcours, Mohamed Metalsi a été décoré, en mars 2000 au musée du Louvre, au grade de classe exceptionnelle du Wissam de mérite national par le Roi Mohammed V, Lors de sa première visite d’Etat en France
De 1985 à 2015, il dirige les actions culturelles de l’IMA. Il est parmi ces chevilles ouvrières de cette institution culturelle franco-arabe, il sillonne les pays arabes et musulmans pour organiser des évènements de grande qualité à Paris, en France, en Europe et dans le monde arabe. Il contribue de faire de l’IMA un lieu de dialogue et de rencontres, en y invitant de nombreux intellectuels, artistes, et chercheurs.

Parrain d’expositions et directeur de la rédaction des catalogues des grandes expositions de l’IMA tels que :
« Art contemporain arabe », catalogue de la collection permanente du musée de l’Institut du monde arabe, Paris, 1987 ; « Quatre peintres arabes, Première » IMA, Paris, 1988; « Peinture contemporaine au Maroc », 1988, Bruxelles, «Croisement de signes » Mohamed Metalsi est aussi membre du comité de rédaction de la Revue internationale « Centro de documentation musical de Andalucia » à Séville et du magazine « Qantara » de l’IMA.

Directeur artistique de la collection CD "Musicales" de l’Institut du Monde Arabe et « Harmonia Mundi ». Collection qui a mis en valeur un patrimoine musical arabe majestueux. Parmi ces CD :
Les musiques marocaines ; « La musique arabo-andalouse » « Abdelkrim Raïs – Musique andalouse de Fès », « El Hadj Houcine Toulali – Le malhûn de Meknès », « Maroc : La daqqa : Tambours sacrés de Marrakech », « Maroc : Saïd Chraïbi – La clef de Grenade – 2001 », Maroc : Compagnies musicales du Tafilalet – L’appel des oasis
Les musiques arabes ; « Syrie : Sabri Moudallal – Chants d’Alep », « Mauritanie : Ensemble El Moukhadrami – Chants de griots », , « Algérie : Cheikha Remitti – Aux sources du Raï – Ali El Khencheli – Chants des Aurès », « Irak : Naseer Shamma – Le luth de Bagdad », « Égypte : El Masry & Bataju – Entre Nil et Gange – Ensemble David – Liturgies coptes – La Châdhiliyya – Chants soufis du Caire », « Tunisie : La Sulâmiyya – Chants soufis de Tunis », Soudan : Abdel Gadir Salim : Le blues de Khartoum – 1999,– 1999, « Yémen : Al-Ajami & Ushaysh : Le chant de Sanaa – 2001- Mohammad al-Harithi – L’Heure de Salomon – 2001 » Bahreïn : Ensemble Muhammad bin Fâris – Le sawt de Bahreïn , Koweït : Ensemble Al-Umayri – Le sawt de Koweït »

Mohamed Metalsi a collaboré à la rédaction de nombreux articles scientifiques sur l’architecture, l’urbanisme, l’art des jardins en islam, les arts traditionnels, les arts plastiques et la musique. Aussi, il a collaboré aux revus espagnoles : Pensar La Alhambra (Anthropos, 2001) ; El orientalismo en la arquitectura de la Francia colonial en Marruecos, in El orientalismo desde el Sur, (edición Anthropos, Barcelone, 2006); Crisis de lo urbano en el mundo árabe, in La ciudad : paraíso y conflicto, (edición Abada, Madrid, 2006.)

Parmi ses nombreux livres :
– Civilisation marocaine (Actes Sud / Sindbad, 1996)
– Maroc, magie des lieux : l’art de la ville et de la maison (IMA, 1999)
– Les villes impériales du Maroc, Bayard, 1999 (traduit en Anglais et en Allemand)
– Tanger, cité de rêve (Paris-Méditerranée, 2002)
– Fès, la ville essentielle, éd. ACR, 2003
– Maroc, les palais et jardins royaux, éd. Imprimerie nationale /éd. Malika, 2004
– Tétouan, entre mémoire et histoire, éd. Malika, 2005
– Tanger, éd. Imprimerie nationale /éd. Malika, 2007

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