Migrants africains expulsés d’Algérie : une enquête « met au jour des traitements qui confinent à l’inhumanité »

La récente enquête de l’Associated Press, réalisée au Niger à partir de dizaines d’interviews de migrants africains expulsés par l’Algérie, "met au jour des traitements qui confinent à l’inhumanité", relève vendredi le journal belge "Le Soir".

Dans un article intitulé "Mourir sans eau ni nourriture dans le désert du Sahara", le journal souligne que la publication de cette enquête intervient alors que "depuis longtemps, la situation des migrants à la frontière sud de l’Algérie inquiète les responsables des agences humanitaires et des organismes chargés des droits de l’homme".

Le journaliste reprend d’amples passages du récit des traitements inhumains relatés dans l’enquête de l’Associated Press : « Ici dans le désert, narre notamment la journaliste, Lori Hinnant, l’Algérie a abandonné plus de 13.000 personnes dans les 14 derniers mois, dont des femmes enceintes et des enfants, les laissant sans nourriture ou eau, les forçant à marcher sous des températures jusqu’à 48º, parfois sous la menace d’armes".

Et de poursuivre : "Au Niger, pays vers lequel la majorité se dirigent, les plus chanceux traversent un enfer de 15 kilomètres jusqu’au village frontalier d’Assamaka. D’autres errent pendant des jours avant qu’une équipe de sauvetage de l’ONU finisse par les trouver. Un nombre inconnu périt ; la quasi-totalité de la vingtaine de survivants rencontrés par l’Associated Press a raconté que des membres de leurs groupes avaient simplement été avalés par le Sahara".

Sur la base de ce récit, le journaliste du Soir s’interroge : "quels chiffres vérifiables pourraient formaliser ces constats ?", une question à laquelle il donne la réponse: "Il n’y en a pas".

"L’Algérie ne fournit pas les statistiques de ses expulsions. Mais l’OIM (Organisation internationale pour les migrations, qui fait partie de l’ONU) évoque "11 276 hommes, femmes et enfants" qui ont survécu à la marche dans le désert depuis mai 2017. Quelque 2.500 ont dû faire un trajet du même genre vers le Mali. Personne ne s’avise à donner un chiffre de victimes décédées", relève-t-il.

Et d’ajouter qu’au lendemain de l’enquête de l’AP, et "ce n’est sans doute pas un hasard", l’OIM a justement publié un communiqué sur le sujet pour dire sa "préoccupation".

"Des migrants irréguliers, y compris de nombreux mineurs et femmes enceintes, ne doivent pas être laissés sans eau ni nourriture ou contraints de marcher des kilomètres sous un soleil de plomb pour se mettre en sécurité dans le désert ", commente William Lacy Swing, directeur général de l’OIM.

Pour Le Soir, le texte valide les dires de l’AP : "D’après les médias, des milliers de migrants traversent une bande de désert de 15 kilomètres entre l’Algérie et le Niger en direction d’Assamaka. L’OIM envoie régulièrement des missions de sauvetage pour récupérer des migrants déshydratés et désorientés qui cherchent un abri pendant des jours. D’après d’autres sources crédibles, des migrants meurent dans le désert après avoir perdu leur chemin ou succombant à la chaleur et à la fatigue. Les responsables de l’OIM dans l’avant-poste isolé d’Assamaka parlent de migrants émergeant du désert par milliers (…)".

Le journal belge cite également un communiqué de l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) publié jeudi sur les expulsions dans le grand sud algérien.

Si HRW, qui a interrogé une trentaine de migrants "ne s’aventure pas", selon le journal, à dénoncer des décès, l’auteur de l’article relève que l’organisation évoque "des expulsions massives à la frontière avec le Niger ou le Mali, la plupart du temps sans donner de vivres ni d’eau. Ces migrants ont expliqué avoir été contraints de marcher des dizaines de kilomètres à travers le désert, par des températures élevées".(MAP)

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