Marrakech accueille son Festival du livre les 24 et 25 octobre

Pour la première fois, la ville ocre peut être enthousiaste et jouyeuse. Elle a un salon du livre. Initié par le « Kitab bleu » la première édition du Festival du livre de Marrakech aura lieu ce week-end du 24 et 25 octobre à « Dar Attakafa » de Daoudiate et mettra à l’honneur des auteurs d’expression française. Deux noms célèbres, le journaliste et écrivain français Patrick Poivre d’Arvor et la chanteuse, poétesse et romancière marocaine Sapho sont les parrains de cette manifestation avec comme président d’honneur Pierre Bergé, homme d’affaire, grand mécène et président de la Fondation « Jardin Majorelle »

Par Fouzia Benyoub

Pont entre la France et le Maroc, ce festival littéraire a été conçu par Joschi Guitton et Stéphane Guillot, deux passionnés du livre qui ont fait de l’île de Ré sur l’Atlantique le lieu le plus convoité par les romanciers francophones. A Marrakech, ils accueillent avec Hassan Benmansour (Dar Attakafa), Emmanuelle Sarrazin, éditrice française installée à Marrakech, des romanciers, poètes, essayistes et nouvellistes de différentes générations dans cette grande manifestation culturelle.

Ce sont des amoureux du livre et de la ville ocre, qui se lancent dans cette aventure littéraire, choisissant une maison de la culture, dans un quartier moderne et simple et populaire « Daoudiate », loin des lieux branchés de la ville ocre, où la jet set croise une certaine catégorie d’intellectuels et de journalistes parisiens.

Soulignons que ce premier Festival du livre de Marrakech n’aurait pu avoir lieu sans le soutien de la Fondation Majorelle, de Dar Attakafa (ministère de la Culture), de l’Institut français de Marrakech, la Maison arabe et bien d’autres partenaires qui ont cru à ce projet et pas seulement la ville comme place touristique mondiale.

La culture se veut ici ouverture et lien avec le public. Les jeunes auront l’occasion de découvrir des ateliers et des animations. Sont prévus ; des lectures de Pierre Bergé en arabe et en français avec les comédiens Hamza Boulaiz, Landri Hillairet de la compagnie Spectacle Pour Tous de Tanger-Rabat, de Driss Chraïbi avec les comédiens Abdelghani Bouzian, Eric Valentin de la troupe Mémoires d’Avenir de Tanger.

Les enfants comme les adultes pourront aussi venir admirer les contes « Jeha ou le pouvoir du thé à la menthe » et « Jardins sucrés » qui seront présentés par Abdellatif Targhaoui, « un insatiable conteur-voyageur dont la besace regorge d’histoires toujours plus fantastiques. Sa recette est simple : mystères, magie, humour, paroles étranges, musiques envoûtantes. Il jongle avec les mots, sort des sentiers battus, virevolte avec les idées reçues. Il slame sur les phrases, comme un surfeur sur les vagues. Ces contes fous, vous apostrophent, vous bousculent, vous régalent »

Mahi BInebine, Vénus Khoury-Ghata, Yanick Lahens, invités d’honneur du festival

Mahi Binebine, grand artiste peintre et romancier est natif de Marrakech en 1959. Il s’y est installé définitivement en 2002 après avoir longtemps vécu et travaillé à Paris, New York et Madrid. A l’origine, professeur de mathématiques à Paris, il quitte l’enseignement à la fin des années 80 pour se consacrer à l’écriture et à la peinture et à la sculpture.

Auteur de plusieurs romans traduits en une dizaine de langues l’ont confirmé comme l’un des écrivains marocains les plus talentueux de sa génération.
Son premier roman, Le Sommeil de l’esclave (Stock, 1992), a obtenu le prix Méditerranée. Mahi Binebine a également reçu le prix de l’Amitié Franco-Arabe pour Pollens (Fayard, 2001). Il a publié Cannibales (1999) et Terre d’ombre brûlée (2004).

Exposé notamment en France, à New York, en Allemagne ou aux Etats-Unis…, l’œuvre de Mahi Binebine est remarquée par des importants critiques d’art et grands collectionneurs fait partie de nombreuses collections publiques et privées dont celle du Musée Guggenheim de New York, le Musée de Bank Al Maghrib, la Fondation Kinda, Le Musée de Marrakech, la Fondation Kamal Lazaar, la Société Générale, Attijariwafa Bank, le Crédit Agricole du Maroc, le CIH Maroc, la BMCE Bank, la Caisse de dépôt de et Gestion….

Vénus Khoury-Ghata, romancière et poète, elle est l’auteur d’une œuvre importante. Au Mercure de France, elle a publié plusieurs romans, Sept Pierres pour la femme adultère, La fille qui marchait dans le désert, Le facteur des Abruzzes, La fiancée était à dos d’âne, et des recueils de poésie, Quelle est la nuit parmi les nuits, Les Obscurcis, Où vont les arbres ? Elle a reçu le Grand prix de poésie de l’Académie française 2009 pour l’ensemble de son œuvre poétique et le Goncourt de la poésie 2011.
« Dédicacer son roman sous le regard des dernières neiges de l’Atlas, un rêve de tout écrivain, devenu possible avec le festival du livre de Marrakech, dû à l’initiative de deux grands experts en la matière, Joschi Guitton et Stéphane Guillot » écrit Vénus Khoury-Ghata.

Yanick Lahens grande figure de la littérature haïtienne – elle a reçu en 2011 le prix d’Excellence de l’Association d’études haïtiennes pour l’ensemble de son œuvre. Elle brosse sans complaisance le tableau de la réalité caribéenne dans chacun de ses livres. Elle est l’auteur d’essais – entre autres, L’Exil : entre l’ancrage et la fuite, l’écrivain haïtien (Deschamps, 1990) –, et de nouvelles, notamment Tante Résia et les Dieux (L’Harmattan, 1994). En 2000, paraît aux éditions du Serpent à plumes son premier roman, Dans la maison du père.
Yanick Lahens part très jeune pour la France où elle fait ses études secondaires puis des études supérieures en lettres. A son retour en Haîti, elle est enseignante à l’université d’État, puis journaliste culturelle. En 1998, elle dirige le projet de la Route de l’esclave sous la présidence de Laënnec Hurbon qui annonce une réflexion et des actions intellectuelles, culturelles et artistiques autour de la problématique de’ l’esclavage dans toute l’île. Elle est membre fondatrice de l’Association des écrivains haïtiens et contribue régulièrement aux revues culturelles haïtiennes et antillaises telles que Chemins critiques, Cultura et Boutures.

Plus d’une quarantaine d’écrivains sont invités au Festival du livre de Marrakech. Abdellah Taïa (Un pays pour mourir – Editions du Seuil), Leila Slimani (Dans le jardin de l’ogre – Editions Gallimard), Mohamed Nedali (Le Jardin des pleurs – Editions Le Fennec), Reda Dalil (Le Job, Prix Mamounia 2014 – Editions du Fennec), Moha Souag (Nos plus beaux jours, Prix Grand Atlas roman 2014 – Editions du Sirocco), Aziz Binebine (Tazmamort, Editions Denoël), François Salvaing (818 jours – Editions du Sirocco), Driss Ksikes (L’homme descend du silence,– Editions Al Manar), Abdellah Baida (Le Dernier Salto, Prix Grand Atlas Fiction 2014 – Editions Marsam), Ali Chraïbi (Back to Modern Times, éditions du Sirocco), Mohamed Hmoudane (Plus loin que toujours, Editions Al Manar), Kaoutar Harchi (A l’origine notre père obscur – Actes Sud), Emmanuelle de Boysson (Le Bonheur en prime – Flammarion), Lamia Berrada-Berca (Guerres d’une vie ordinaire, Editions du Sirocco), My Seddik Rabbaj (Le lutteur, Le Serpent à plumes, 2015) …….

Coups de cœur :

Dos de femme, dos de mulet (En Toutes Lettres) de Hicham Houdaifa
Les oubliées du Maroc profond : c’est le sous-titre évocateur du livre Dos de femme, dos de mulet (Editions En Toutes Lettres), qui lève un coin du voile sur la difficile condition d’une grande partie des Marocaines et les tabous qui lui sont associés. Les ouvrières clandestines de Mibladen, les torturées de Ksar Sountate, les barmaids de Casablanca… Ces femmes issues de milieux ruraux ne se connaissent probablement pas mais elles ont toutes un point commun : avoir été victimes de maltraitances, sous une forme ou sous une autre. De fait, selon une enquête nationale réalisée par le Haut commissariat au plan en 2010, 62,8 % des Marocaines ont vécu durant l’année précédant l’enquête un acte de violence, qu’il soit sexuel, physique ou moral.

Le Dernier Salto (Marsam) de Abdallah Baida

Le protagoniste de ce récit a toujours rêvé de réaliser un saut périlleux. Ce salto, emblème du défi aux pesanteurs, ne sera atteint qu’à l’ultime moment d’une existence. Le dernier instant d’une vie est aussi idéal pour revisiter un pan du passé et tenter d’y saisir les variations du salto aussi fugaces soient-elles. La vie d’un rêveur peut être celle de toute une société en mutation. Une gageure : empoigner l’insaisissable et nommer l’innommable. Figer le furtif, le décrire, l’étaler, montrer sa beauté et sa laideur. C’est un vaste chantier qui se met en place pour faire jaillir toute une histoire qu’on ne soupçonnait pas.

Yassine Adnane, un amour de la culture et du petit écran

Poète, nouvelliste et journaliste, Yassin Adnan est un des plus grands porte-paroles de la culture marocaine (correspondant marocain du journal arabe londonien El-Hayat, du magazine littéraire Dubaï Al-Thaqafiya et membre du comité de rédaction du magazine libanais Zawaya). Il est l’auteur entre autre de : Diftar l’aber (le cahier du passager), Marrakech : Secrets Affichés (Marsam, 2008), Je ne vois qu’à peine, poésie (Dar Annahda, 2007), Pommes de l’ombre, nouvelles (éditions de la Faculté des Lettres, 2006) – Le récif de l’Effroi, poésie, avec traduction française de Siham Bouhlal (Marsam, 2005). Son émission de télé, Macharif, diffusée sur la première chaîne nationale depuis 2006, accueille chaque semaine des personnalités du Maroc et du monde arabe – pour parler de l’actualité culturelle du pays.

Sihame Bouhlal et « Ton absence se fera chair »

Romancière, poète et médiéviste née à Casablanca dans une famille originaire de Fès. Réputée pour son écriture charnelle et sensuelle, elle s’est avant tout fait connaître par ses recueils de poèmes maintes fois salués : Corps Lumière (Al Manar) a été nominé pour le prix Max Jacob, tandis qu’Étreintes, du même éditeur, fut en lice pour le prix Alain Bosquet en 2012. Son premier roman Et ton absence se fera chair est publié aux jeunes éditions Yovana.

Guillaume Jobin et les espions de la « Route des Zaërs »

Président de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Paris, Il partage son temps entre Salé et Paris. Il est l’auteur d’un roman d’espionnage, « Route des Zaërs » (Editeur de talents, 2015), en tête des ventes au Maroc depuis juin 2015 (3ème tirage), un livre qui décrit avec trois mois d’avance, l’affaire Graciet-Laurent. L’ouvrage faisant suite à son premier roman devrait paraître en 2016.
Il est également l’auteur d’une trilogie sur les relations franco-marocaines : « Lyautey, le Résident » (Magellan/Casa Express, 2014), best-seller en édition francophone au Maroc, puis « Mohamed V, le Sultan » (Magellan/Casa Express, 2015), le tome 3 est prévu en 2016, « Hassan II, le Prince ».

Touria Iqbal ou la zénitude soufie

Professeur, poétesse, traductrice et chercheur en soufisme, Touria Iqbal est une femme politique et activiste culturelle.Elle a à son actif une vingtaine de publications : recueils de poèmes, traductions et études sur le soufisme. Elle a participé à plusieurs rencontres sur les thèmes de la poésie, la traduction et le soufisme dans plusieurs pays arabes, européens et aux USA. Touria Iqbal est également la Vice-présidente de l’association Al Munia de Marrakech pour la sauvegarde et la revivification du patrimoine du Maroc.

http://www.festivaldulivredemarrakech.com/
Par Fouzia Benyoub

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