Marine Le Pen dénonce un « coup d’Etat » après la saisie de fonds de son parti

La cheffe de l’extrême droite française Marine Le Pen et plusieurs responsables politiques se sont inquiétés lundi d’une atteinte au débat démocratique en France après la saisie de 2 millions d’euros d’aide au parti Rassemblement national (RN, ex-FN).

Face aux critiques, le ministère français de la Justice a affirmé dans un communiqué qu’il "ne saurait être admis qu’il soit porté à atteinte à l’indépendance de l’autorité judiciaire".

Les juges financiers parisiens ont ordonné cette saisie dans le cadre de l’affaire des emplois présumés fictifs d’assistants d’eurodéputés FN au Parlement européen.

Quatre nouvelles inculpations, dont celle de l’eurodéputé français RN (ex-FN, extrême droite) Nicolas Bay, ont été prononcées dans le cadre de cette affaire, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

Nicolas Bay, dont le nom circule pour conduire la liste du Rassemblement national aux élections européennes, a été mis en examen (inculpé) le 8 juin pour "abus de confiance", le même chef que celui retenu à l’encontre de la présidente du parti Marine Le Pen en juin 2017, et du député Louis Aliot, lui aussi tête de liste potentielle.

"Les juges Claire Thépaut et Renaud Van Ruymbeke ne mènent qu’une instruction à charge à caractère politique, ils mettront en examen tous ceux qu’ils pourront mettre en examen", a réagi auprès de l’AFP Marine Le Pen.

"Coup d’Etat" des juges, "peine de mort" contre le RN, "persécution", "dérive dictatoriale": Marine Le Pen n’a pas de mots assez durs pour dénoncer cette saisie, qui risque de mettre le RN en cessation de paiement.

Le versement de cette aide, principale source de financement des partis politiques, a pris du retard cette année et le gouvernement français avait promis une avance représentant la moitié de la somme due. Ce retard fait que le RN ne pourra plus payer les salaires de ses permanents fin août.

Le RN a fait appel auprès de la chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris. Il a aussi lancé un appel aux dons, et avait recueilli lundi environ 50.000 euros, sur les 350.000 dont il a besoin pour se financer d’ici à fin août, hors loyer.

De sources concordantes, les juges Renaud Van Ruymbeke et Claire Thépaut invoquent l’endettement du parti pour justifier cette saisie, craignant que la subvention ne serve qu’à rembourser des emprunts et soit donc indisponible pour recouvrer d’éventuels dommages.

Le Parlement européen a estimé le préjudice total à 7 millions d’euros pour la période 2009 à 2017.

L’eurodéputé Les Républicains (droite) Brice Hortefeux a dit qu’il ne "comprenait pas pourquoi on met sous séquestre (un parti) alors qu’il y a une dotation de l’Etat qui arrive chaque année", ni pourquoi les assistants parlementaires "n’auraient pas le droit d’aider la famille politique grâce à laquelle" les eurodéputés ont été élus.

"La logique dans un pays démocratique c’est malgré tout de faire en sorte que le séquestre ne menace pas l’existence même d’un parti", a renchéri le premier secrétaire du Parti socialiste (gauche) Olivier Faure.

Mais le secrétaire d’Etat français aux Relations avec le Parlement et patron du parti présidentiel La République en Marche, Christophe Castaner, s’est dit "outré par les accusations de dictature portées par Marine Le Pen contre notre système judiciaire". Pour lui, "le scandale le plus grave est celui de la gestion" du RN.

Les juges français enquêtent sur un possible "système" organisé pour rémunérer des permanents du parti avec les fonds européens réservés à l’embauche d’assistants parlementaires.

"Indigné" par la réaction de Mme Le Pen, un ancien chargé de mission du FN, qui a travaillé comme assistant de l’eurodéputé FN Florian Philippot fin 2016, Mickaël Ehrminger, a demandé dimanche à être entendu par l’Office européen de lutte anti-fraude (Olaf). Il affirme avoir travaillé pour le parti à des heures où il était rémunéré comme assistant sur des fonds européens.

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