Macron en Serbie s’engage à oeuvrer pour un compromis avec le Kosovo

Emmanuel Macron a promis lundi à Belgrade de tout faire pour oeuvrer à un compromis entre la Serbie et le Kosovo, n’hésitant pas à se lancer dans de longues déclarations en langue serbe sur l’amitié entre la France et la Serbie.

"J’organiserai dans quelques semaines (à Paris, ndlr) une réunion avec les dirigeants kosovars, la chancelière (Angela Merkel) et vous-mêmes" afin de trouver "une solution globale et pérenne", a déclaré le président français à son homologue Aleksandar Vucic, au cours d’une conférence de presse commune.

Avec Mme Merkel, Emmanuel Macron tente depuis un an de pousser la Serbie à reprendre le dialogue avec son ancienne province, dont elle ne reconnaît toujours pas l’indépendance.

Dans le contexte des tensions qui se sont accrues entre les deux parties depuis l’automne, un sommet sous l’égide de la France et de l’Allemagne, initialement prévu pour juillet à Paris, a été annulé faute d’avancées.

Lundi soir, devant plusieurs milliers de Serbes enthousiastes mobilisés par son hôte dans le parc de Kalemegdan, au coeur de Belgrade, le président français a enfoncé le clou en appelant d’une voix vibrante les Serbes à rechercher "le bon compromis".

"Vous allez devoir être un peuple courageux, comme devront être courageux les Kosovars, en bâtissant un compromis et en sachant ne pas faire bégayer l’histoire".

"Et agir en Européens, car je crois très profondément que la Serbie est en Europe et que l’Europe ne sera elle-même que quand la Serbie y sera pleinement", a-t-il ajouté, en un geste en direction de Belgrade dont le dossier d’adhésion à l’Union européenne patine.

Mais au cours de la conférence de presse, il a répété que pour lui l’UE ne pourrait s’élargir à de nouveaux pays avant de se réformer "car elle fonctionne déjà mal à 28".

Accueil grandiose

Côté serbe, le président Aleksandar Vucic avait décidé d’impressionner son hôte, après l’humiliation ressentie pendant les cérémonies du 11 novembre à Paris.

Maladresse du protocole français, M. Vucic, représentant d’un pays martyr de la Première guerre mondiale, avait été placé dans une tribune secondaire, quand son homologue kosovar Hashim Thaçi s’asseyait dans la tribune principale, avec Emmanuel Macron, Vladimir Poutine et Donald Trump.

"Vous allez voir que les Serbes sont un peuple très accueillant qui attendait votre visite avec beaucoup d’enthousiasme", lui a promis le président serbe en l’accueillant.

Dans la soirée, après un tête-à-tête de plus de deux heures, les deux présidents ont inauguré un monument rénové dédié à l’amitié franco-serbe, dont l’inscription "Aimons la France comme elle nous a aimés" avait été maculée de peinture noire en décembre.

Agitant des drapeaux français, des milliers d’habitants de Belgrade avaient été conviés à "venir saluer le président français", dans une ville pavoisée aux couleurs de la France.

La Serbie avait déjà réservé un accueil triomphal à Vladimir Poutine le 17 janvier 2019, avec un défilé de dizaines de milliers de Serbes.

"Travail avec RSF"

Au cours de la conférence de presse, MM. Macron et Vucic sont restés prudents sur les questions de l’Etat de droit et des pressions sur les médias, deux dossiers qui inquiètent Bruxelles et valent au chef de l’Etat serbe d’être vilipendé par son opposition qui l’accuse de "dérive autoritaire".

"Je souhaite qu’on avance sur ces sujets, tout ce qui est identifié comme pas satisfaisant fera l’objet d’un dialogue. J’ai souhaité un travail avec Reporters sans frontières, qui se poursuit", a souligné M. Macron, disant avoir "toujours vu chez (ses) interlocuteurs la volonté d’avancer".

La Serbie était classée en 2018 à la 76e place sur 180 par Reporters sans frontières (RSF), qui juge qu’il y est devenu "périlleux d’être journaliste".

Le président serbe s’est quant à lui félicité du soutien de la France. "Un président puissant comme M. Macron peut nous aider et peut changer beaucoup de choses au niveau européen", a lâché M. Vucic, faisant de nombreuses allusions à sa volonté d’acheter du matériel militaire français.

Lorsque son hôte français a été interrogé sur les sifflements pendant le défilé du 14 juillet, le président serbe a conclu par une boutade. "Il y a une petite tente devant la présidence serbe, (un homme) me siffle chaque matin, me dit (que) je suis un fou, un traître. Mais en suffrages, je gagne plus. Alors les sifflements, ce n’est pas très important".

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