Macron appelle le CFCM à être plus offensif contre le communautarisme et l’islamisme

Accusé d’inertie sur les questions de laïcité, Emmanuel Macron a exhorté lundi les représentants du culte musulman à "combattre" davantage l’islamisme et le communautarisme, responsable selon lui d’une forme de "séparatisme" en France.

Recevant à l’Elysée les responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM), le chef de l’Etat les a appelés à lutter contre une "ambiguïté" qui contribuerait à nourrir l’amalgame entre islam et terrorisme, a indiqué à l’AFP le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qui assistait à l’entrevue.

"Il faut que le CFCM ait une parole forte sur la place du voile, les femmes, l’école. Il faut un discours clair pour ne pas laisser perdurer l’ambiguïté dont s’alimentent les radicaux", a déclaré le chef de l’Etat, en réponse à la récente polémique sur le port du voile lancée par un élu RN en Bourgogne-Franche-Comté.

Lors de la réunion à l’Elysée, Emmanuel Macron a dit plus généralement "attendre du CFCM un changement de rythme pour qu’il combatte, aux côtés de l’Etat, le communautarisme et l’islamisme", selon M. Castaner.

Dans un entretien diffusé sur RTL lundi mais enregistré trois jours plus tôt, le chef de l’Etat avait assuré ne pas vouloir "céder à la précipitation" sur ce sujet inflammable afin de ne pas contribuer à la "confusion collective" entre terrorisme et islam, près d’un mois après la tuerie de la préfecture de police perpétrée par un musulman soupçonné de radicalisation.

Mais il s’inquiétait également de la montée en puissance du communautarisme musulman, qui se nourrit d’une vision "dévoyée de l’islam".

"Dans certains endroits de notre République, il y a un séparatisme qui s’est installé, c’est-à-dire la volonté de ne plus vivre ensemble, de ne plus être dans la République, et au nom d’une religion", avait détaillé le président, appelant à renforcer l’action de l’Etat et promettant des mesures "dans les semaines qui suivent".

Lors de son voyage à La Réunion la semaine dernière, Emmanuel Macron avait tenté de clore la polémique en assurant que le port du voile dans l’espace public n’était pas "l’affaire de l’Etat" mais il n’avait pas réussi à faire taire les critiques venues de la droite et de l’extrême droite.

"banalisation" du discours antimusulman

Mis sous pression lundi, le CFCM s’est engagé à passer à l’action sans tarder et a promis des "annonces très fortes" dès mardi lors d’une réunion exceptionnelle de son conseil religieux.

Le président "nous a fait passer le message qu’il comptait sur le CFCM pour prendre des initiatives fortes concernant la question de la prévention de la radicalisation, la question de la place du voile dans la religion musulmane, la question de la place des femmes", a déclaré le vice-président de l’instance, Anouar Kbibech, à l’issue de la réunion.

"Nous avons assuré le Président de la République de la mobilisation des musulmans de France et plus particulièrement du CFCM", a-t-il ajouté, promettant une "parole claire".

L’instance cultuelle, qui a récemment dénoncé la "banalisation" du discours antimusulman, veut toutefois réaffirmer les différences entre la pratique soutenue de l’islam et les signes de radicalisation, que l’exécutif appelle à mieux détecter depuis l’attaque de la préfecture.

"Nous allons saisir le conseil religieux pour travailler sur les signes avant-coureurs de radicalisation religieuse vus par les musulmans parce que jusqu’à maintenant, les signes qui nous sont avancés sont les signes d’un regain de religiosité", a détaillé M. Kbibech.

"Aller à la mosquée, porter une barbe, jeûner le ramadan avec ferveur, ce ne sont pas des signes de radicalisation et cela contribue à un amalgame honteux entre islam, islamisme et terrorisme", a-t-il détaillé.

Signe de l’inquiétude chez les musulmans, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dimanche à Paris pour dire "stop à l’islamophobie".

"Il y a des sujets dont il faut parler, on n’est pas obligé de faire des amalgames, de mal les traiter. Le terrorisme n’est pas la même chose que le communautarisme qui n’est pas la même chose que la laïcité qui n’est pas la même chose que l’immigration", fait valoir un membre du gouvernement.

Selon M. Castaner, une réflexion sera engagée avec le CFCM contre la radicalisation pour déboucher d’ici à fin novembre sur des propositions qui seront faites au président et au Premier ministre.

Le "problème, c’est quand l’islam cesse d’être une religion pour devenir une idéologie", a dit M. Castaner, soulignant vouloir "protéger" ceux qui "acceptent" la République.

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